Une histoire de souveraineté. La fin de l’électricité, ceux qui versent leur sang, les guerres silencieuses et le renseignement.
Noir c’est noir
Hervé Machenaud, La France dans le noir: C’est maintenant !, Manitoba / Belles lettres, 12,90 €.
La France et l’Europe n’auront pas assez d’électricité cet hiver, ni l’hiver prochain, ni le suivant. Telle est la thèse ambitieuse d’Hervé Machenaud dans son dernier ouvrage.
L’auteur propose un éclairage sur un sujet brûlant de l’actualité en expliquant pourquoi le prix de l’électricité augmente en France alors que la production est stable, pourquoi l’Allemagne n’est pas un exemple à suivre ou encore pourquoi EDF vend à perte sa propre production à ses concurrents. Autant de questions dont l’enjeu est souvent méconnu. Hervé Machenaud, qui a participé à la construction du programme nucléaire français, revient sur les effets d’une politique énergétique qu’il juge désastreuse. Développement incontrôlé et subventionné d’énergies éoliennes et solaires, centrales nucléaires laissées à l’abandon et crise du gaz liée à la guerre en Ukraine sont autant de raisons qui conduisent à la crise énergétique que nous connaissons. À cela s’ajoute la politique énergétique interne liée à la réglementation européenne des domaines de l’environnement et de la concurrence, dont l’auteur ne manque pas d’en dénoncer les conflits d’intérêts. Tout en proposant une solution à long terme de remaniement du service public, Hervé Machenaud revient sur les points essentiels qui permettent de comprendre l’enjeu énergétique de notre époque, à l’heure où les factures ne cessent d’augmenter.
Guerres du silence
Carole André-Dessornes, Guerres silencieuses : Embargos et blocus au Moyen-Orient de 1948 à nos jours, Geuthner, 25 €.
Si l’Union européenne et les États-Unis utilisent régulièrement les sanctions pour obtenir des concessions, ils ont été rejoints pas de nombreux nouveaux acteurs du Moyen-Orient : de l’Iran à la Syrie en passant par l’Irak. En diplomatie, les sanctions peuvent être de différents ordres : embargo, siège ou blocus. Ces notions sont bien souvent utilisées, mais pas toujours à bon escient. Carole André-Dessornes, géopolitologue et spécialiste des rapports de forces & violences au Moyen-Orient, revient avec précision dans son dernier ouvrage sur chacun de ces termes afin d’en proposer une réflexion qui permet de mieux en appréhender le maniement.
Avant de se concentrer sur le Moyen-Orient qui a souvent été le théâtre de sanction entre pays voisins, l’auteure précise qu’il est de tradition de faire remonter les origines du blocus au siège de Troie. Aujourd’hui, même si ces blocus ou embargos font nettement moins de bruit que les conflits armés, les conséquences n’en sont pas moins importantes. Le travail de Carole André-Dessornes repose ainsi sur une riche documentation qui incite à réfléchir autrement, à tirer les échecs de ces mesures qui, bien que très anciennes, n’ont jamais réellement apporté de solutions aux conflits du Moyen-Orient.
Renseignement
Alexis Deprau, Le contrôle parlementaire du renseignement, BERGER LEVRAULT, 39 €.
DGSE, DGSI, DRM. Ces acronymes résonnent à l’oreille de beaucoup comme étant familier, sans pour autant bien en connaître le fonctionnement. Juriste et docteur en droit de la sécurité et de la défense de l’université Panthéon-Assas, Alexis Deprau revient sur un sujet souvent méconnu et pourtant passionnant, celui des services de renseignement en France. L’auteur s’attarde tout particulièrement à la question du contrôle des services de renseignements. Si aujourd’hui le juge administratif peut effectuer des contrôles internes, il existe également depuis 2007 ce qu’on appelle un contrôle parlementaire, avec des membres habilités au secret défense. Ce livre cherche à déterminer avec précision les missions de cette structure parlementaire, que ce soit concernant les services de renseignements ou autres services spécialisés. L’ouvrage met en avant une réflexion sur contrôle parlementaire, dont l’exercice se résume en un équilibre fin entre limitations de toute dérive sans pour autant freiner le bon fonctionnement des opérations.
Destiné aux étudiants, universitaires, parlementaires ou tout autre esprit curieux sur le sujet, ce livre est essentiel pour mieux comprendre l’action de l’État et de ses services spécialisés.
Par le sang versé
Emmanuel Ravazi, Les guerriers oubliés: L’histoire ignorée des indiens dans l’armée américaine, L’artilleur, 20 €.
Le grand reporter Emmanuel Ravazi nous présente un nouvel ouvrage inédit, sur fond de témoignages poignants, d’anciens Indiens enrôlés dans l’armée américaine. L’auteur a recueilli différents témoignages depuis trente ans au large du Canada et des États-Unis en revenant sur l’histoire et les raisons de l’engagement des autochtones au côté des Américains. Ce grand récit journalistique, propose un point de vue décrit par les autochtones qui ont vécu l’enfer de la guerre, que ce soit la Première et Seconde Guerre mondiale ou bien en Corée, au Vietnam, en Afghanistan ou encore en Irak. Le livre s’attarde sur un paradoxe intéressant : les Amérindiens sont nombreux à avoir intégré l’armée américaine pour combattre avec eux et défendre une nation qui avait longtemps persécuté et méprisé leur peuple. Au travers de ses nombreux témoignages d’anciens vétérans, l’auteur découvre la présence d’un esprit « guerrier » fortement ancré dans la culture des Amérindiens, dont la défense de la liberté et de la terre de leurs ancêtres constitue un idéal à défendre et à protéger.
Cet ouvrage, illustré de quelques photos des derniers vétérans, résonne comme une magnifique leçon de vie pour notre temps, de la part d’un peuple dont on a rarement donné la parole.
