Livres de la semaine – 10 février

10 février 2023

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Livres de la semaine – 10 février

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Benoit XVI, investissement, gendarmerie, art de la guerre, origine du Covid-19 et histoire du Sahel, tour d’horizon des livres de la semaine. 

Une Église bicéphale

Massimo Franco, Le monastère, Benoit XVI, Dix années dans l’ombre du Vatican, Artège, 19,90€

Journaliste et essayiste italien, Massimo Franco côtoie depuis longtemps la politique du Vatican. Le mois de février 2013, marque le début d’une cohabitation étonnante. L’auteur nous livre ici les secrets du Monastère : de l’équilibre miraculeux des « deux-papes » au mystère insoluble de la démission de Benoit XVI.

Depuis la démission de Benoit XVI, en 2013, les interrogations n’ont cessé de se multiplier quant aux raisons de cette « renonciation ». Le Monastère en question est le Mater Ecclesiae, situé dans l’enceinte du Vatican, est le lieu où s’est retiré Benoit XVI après avoir abdiqué. Un homme est au cœur des relations entre les deux papes : Mgr Georg Gänswein, qui cumule les fonctions de secrétaire particulier de Benoît XVI et de Préfet de la Maison Pontificale du Pape François.

Au travers de nombreux thèmes, Massimo Franco met au jour les frictions internes de la papauté. Le Monastère devient essentiel dans la compréhension des tensions de pouvoir, mais aussi pour nous permettre de déchiffrer les destins de ces « deux pontificats », et de l’Église. Au lendemain du décès de Ratzinger, cet ouvrage offre une vision nouvelle de la politique ecclésiastique. L’examen critique de la situation papale va au-delà des questions stylistiques. En bref, l’auteur offre une vision nouvelle des relations papales au Vatican. 

Croissance et investissement : une nouvelle philosophie économique

Alexis Rostand, L’économie, science barbare ?, Une philosophie de l’investissement, Boleine, 15€

Diplômé d’HEC et aujourd’hui dirigeant d’une société de gestion, tout en enseignant la philosophie de l’investissement à l’Université Paris Dauphine. Alexis Rostand a pour ambition d’apporter une vision transversale de la finance, en redonnant à l’économie sa place au sein des autres disciplines.

L’auteur, fort de son expérience, partage à travers cet essai une réflexion sur l’investissement. C’est un acte clef qui permet d’engendrer la croissance. L’approche pluridisciplinaire, de l’économie à la philosophie, cherche à « redonner un sens » à ce que l’on fait. Ainsi de la figure du barbare à une esquisse d’une philosophie de l’investissement, l’auteur développe une nouvelle vision des forces productives (travail et capital). Dans une époque où « le sujet ne pense plus, il fonctionne », il devient essentiel de réapprendre à penser et à chercher le véritable sens des choses. L’activité économique a un rôle central dans nos vies, c’est pourquoi l’auteur lance un appel à viser haut dans un monde en crise. Les crises successives du XXI° siècle, de 2008 jusqu’à 2020, ont considérablement dégradé l’image de la finance, d’où la nécessité de rétablir une vision juste de celle-ci.

L’auteur convoque des auteurs tels que Ludwig Von Mises, Joseph Schumpeter, Benjamin Graham, Arnold Toynbee et Hannah Arendt. Des historiens aux économistes, Alexis Rostand cherche et propose de nouveaux axes de réflexion qui pourrait influencer les décideurs de demain. 

Servir, ou le combat de la vie

Rémy Nollet, Face à la mort, Le témoignage inédit d’un gendarme, Éditions du Rocher, 18,50€

Colonel de gendarmerie, Rémy Nollet développe au long de seize chapitres ses confrontations à la mort. Que ce soit au sein de la brigade territoriale de Blanquefort ou de la compagnie de Meylan, il retrace avec humanité et délicatesse ces tristes et violentes rencontres. Cet aspect de la vie sort ainsi du cadre médiatique ou audiovisuel pour prendre tout son sens dans le cœur des lecteurs. 

La mort, aussi invisible qu’inévitable, la gendarmerie la côtoie tous les jours, et c’est au travers de plus de 200 pages que le colonel Rémy Nollet nous livre son expérience du sacrifice ultime avec une grande décence.  Chaque chapitre propose une expérience spécifique de la confrontation entre l’homme et la mort. De la première confrontation, aux homicides, accidents, suicides, mais aussi à la mort d’un proche ou d’un collègue, c’est un texte à la fois fort, subtil, poignant et très humain. 

De Loïc, inconnu du grand public, au colonel Arnaud Beltrame, recevant les derniers honneurs dans la cour des Invalides, l’auteur dévoile un aspect peu connu de l’engagement quotidien des militaires et gendarmes. Ces récits est accessibles tant aux gendarmes, qui se reconnaîtront dans cette expérience tristement universelle, qu’aux lecteurs plus profanes, qui se verront touchés par cette dimension trop méconnue. Vous découvrirez dans cette œuvre ce que cache l’uniforme, par les combats physiques et psychologiques de ces hommes en bleu.  

Au-delà des stratégies militaires

Benoist Bihan, Jean Lopez, Conduire la guerre, Entretiens sur l’art opératif, Perrin, 22,90€

C’est au moment du deuxième confinement (fin octobre 2020) que Jean Lopez, directeur de la rédaction de Guerres et Histoire, entame un échange épistolaire avec Benoist Bihan, stratégiste et historien militaire, autour de l’art opératif. À l’exemple de Raymond Aron qui a pensé Clausewitz, Benoist Bihan pense Sviétchine, auteur de Strategiia.

C’est à la suite d’un échange de plus de seize mois que les auteurs développent 356 questions/réponses autour de l’art opératif. Ainsi Benoist Bihan, interrogé par Jean Lopez, développe une réflexion dans la continuité de l’œuvre de Clausewitz et surtout de Sviétchine (général russe du XXe siècle), en offrant aux lecteurs une vision nouvelle des conflits historiques. Ce n’est pas le récit de ces victoires, mais le décorticage de ces œuvres tactiques. 

Ainsi, à travers une approche originale et sobre, la puissance des propos renouvelle la pensée militaire. De l’épopée grecque à la stratégie otanienne, les auteurs reviennent sur près de vingt-cinq siècles d’histoire militaire. Du divorce entre tactique et stratégie, avec l’enchère mortelle de Périclès et le renouveau stratégique de 14, au passage de l’Est à l’Ouest de l’art opératif imaginé par Sviétchine. Benoist Bihan tente donc de vulgariser l’une des plus grandes révolutions stratégique et doctrinale de la guerre initiée au XXe siècle. 

Aux origines du virus, entre génétique et technologie

Olivier Darrason, Renaud Girard, Déraisons d’États, Virus à l’Élysée, Philéas, 19,90€

Et si l’origine du virus du Covid-19 était due à des manipulations génétiques faisant partie du programme technologique d’une grande puissance étrangère ? 

C’est l’hypothèse évoquée par Olivier Darrason, ancien président de l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale et Renaud Girard, grand reporter au Figaro, dans leur nouvel ouvrage de politique-fiction : Déraisons d’État. L’histoire s’inspire de faits réels et met en scène trois personnages : Jeanne, jeune épidémiologiste, Georges, conseiller du président, et Pierre, grand reporter à CNN, qui vont enquêter ensemble sur l’émergence du virus. Ils partent à la recherche des authentiques responsables de la pandémie qui se répand dans le monde entier. Rapidement, la déraison prend le dessus sur la raison concernant l’action qui guide les gouvernements, qui défendent leurs propres intérêts sur la scène internationale. C’est alors la course pour le contrôle d’un vaccin providentiel et l’apparition de frictions entre  les stratégies internationales et les intérêts titanesques des multinationales privées. 

Dans ce récit de politique-fiction, les auteurs nous plongent dans les coulisses de l’émergence du Covid-19, entre la France et la Chine. Malgré les menaces sur leur enquête, Georges, Pierre et Jeanne parviendront-ils à mettre en lumière les nombreuses zones d’hombre de cette affaire afin d’éviter l’effondrement ? 

Au carrefour de l’Afrique 

Bernard Lugan, Histoire du Sahel, Des origines à nos jours, Éditions du Rocher, 20,90€

Essentiel pour appréhender la géographie et les défis actuels de l’Afrique, le Sahel est un espace de contact et de transition qui sillonne l’Afrique. Vaste de plus de 3 millions de kilomètres carrés, du Sénégal à l’est jusqu’à l’Érythrée à l’ouest, il relie aussi l’Afrique nomade « blanche » et l’Afrique sédentaire « noire ». Il est composé du Sahara au nord et de zones agricoles au sud. 

L’historien et universitaire Bernard Lugan nous livre une histoire complète et détaillée du Sahel, celle du temps long, de cet espace où se sont succédés des royaumes et des empires qui contrôlaient autrefois les voies du commerce au travers du Sahara, où s’entremêlent aujourd’hui trafics et terrorisme. L’ouvrage retrace les débuts du Sahel avec sa formation archéologique et l’apparition de ses premiers peuples, en passant par la colonisation, jusqu’aux évènements les plus récents, notamment le conflit du Sahel nigérian. 

Illustré de 56 cartes détaillées, cet ouvrage permet de prendre conscience des réalités du terrain afin d’appréhender les conflits et les défis sahéliens, dont les conséquences sont visibles jusqu’en Europe. 

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