Éco-terrorisme : l’insurrection qui revient

18 janvier 2023

Temps de lecture : 12 minutes

Photo : An Extinction Rebellion environmental activist is arrested by Dutch police officers during protest block the main entrance of the Rijksmuseum on February 26, 2021. (Photo by Paulo Amorim/Sipa USA)/32441888/PA/2102261540

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Éco-terrorisme : l’insurrection qui revient

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Une vision radicale de l’écologie inspire de véritables milices de l’eschatologie climatique qui affrontent la société. Des mouvements radicaux qui tirent leurs inspirations des précédents révolutionnaires. C’est une véritable menace pour l’ordre public et la cohésion sociale.

Signe du retour de « l’action directe », des heurts violents accompagnent de nombreux projets de territoire (Sainte Soline, Bure, Roybon ou Notre-Dame-des-Landes). Si l’écologie aiguillonne utilement le débat public, une vision radicale de celle-ci inspire de véritables milices de l’eschatologie climatique qui affrontent l’État. Ces affrontements passent, pour la plupart, inaperçus dans la presse nationale. S’ils sont évoqués, ce n’est que sous l’angle des arguments favorables ou opposés au projet. À la marge, les « casseurs », les « radicaux », les « militants violents » sont évoqués, unanimement décrits comme exogènes au mouvement dont l’action s’en trouverait ainsi polluée. Or, rien n’est plus inexact.

Cette violence, loin d’être marginale et accidentelle, est le fruit d’une stratégie consciente, théorisée, mise en œuvre par des organisations liées idéologiquement et sociologiquement à des groupes légaux. Revendiquant une légitimité de rupture, ces organisations s’inscrivent en marge du droit commun. Elles tirent profit des libertés des sociétés démocratiques (liberté de réunion, d’association, d’expression) pour mieux combattre les institutions et promouvoir un modèle anticapitaliste révolutionnaire. Si l’intensité de la violence peut faire débat en leur sein, l’usage de celle-ci, en revanche, n’est plus discuté. Le retour en force d’un avatar de la violence politique ancré dans la mouvance anarcho-autonome s’accompagne d’un projet séparatiste. Ses conséquences sont profondes et affectent la paix civile, mais potentiellement, aussi, la compétitivité de l’économie française et la souveraineté alimentaire dans un contexte de mondialisation économique agressive.

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Un séparatisme qui bascule de la « désobéissance civile » à la violence

Si la non-violence a longtemps été un principe d’action dominant au sein des groupes contestataires depuis les années 1960, la question de la violence est, néanmoins, éternellement débattue. Les avatars de la violence révolutionnaire ressurgissent à chaque génération depuis le XIXe siècle. La violence de masse (émeute) et le terrorisme sont les deux spectres qui hantent les luttes sociales. Désormais orpheline des mouvements marxistes depuis 1991, la violence révolutionnaire redevient objet de débats lors des grands combats altermondialistes des années 1990 et 2000. Aux soubresauts terroristes de la Rote Armee Fraktion (RAF) et d’Action Directe (AD) répondent les violences collectives des sommets de Seattle (1999), Gènes (2001) et de l’Otan à Strasbourg (2009) qui marquent la résurgence de l’insurrection tournant le dos au terrorisme de la génération précédente. Au tournant des années 2000, la réflexion sur la contestation anticapitaliste aboutit au constat de l’échec de la non-violence. L’écologie, partagée depuis sa naissance entre réformisme et action révolutionnaire, n’échappe pas à la règle.

La « désobéissance civile » est une méthode de lutte qui jouit d’une réputation favorable dans l’opinion. Renvoyant à des combats et des figures emblématiques telles que Martin Luther King ou Gandhi, cette méthode de lutte naît aux États-Unis au XIXe siècle lorsque David Henry Thoreau refuse de payer l’impôt qui finance l’esclavage qu’il désapprouve. Il la théorise dans son livre Resistance to Civil Government[1]. Pour autant, si la désobéissance civile est, à l’origine, la résistance passive du citoyen refusant de se soumettre à une obligation légale, la pratique militante contemporaine va bien au-delà. Elle va de la simple obstruction à la liberté de circulation, jusqu’aux dégradations voire destructions d’installations ou d’entreprises dénoncées pour leur impact négatif sur l’environnement. L’attaque de l’usine Lafarge à Bouc-bel-Air le 10 décembre 2022 ou les destructions de réserves d’eau à usage agricole dans le marais poitevin (à ce jour 13 réserves ont été dégradées, voire détruites) découlent de la mise en œuvre de la doctrine de la « désobéissance civile » revisitée par les théoriciens et militants de la génération actuelle. L’esprit des promoteurs initiaux de la « désobéissance civile » qui voulaient que nul ne subisse de préjudice de leur action militante est bien mort.

Une bascule vers la violence

Cette bascule résulte de débats internes où s’est imposée la notion « d’urgence climatique » et son corollaire, la « légitime défense climatique »[2], qui porte comme un absolu le combat pour la défense de l’environnement devant lequel toute autre rationalité doit s’effacer. La notion de  « désarmement » (entendre sabotage) des outils qui « agressent » la terre, promue par des philosophes tels que Andréas Malm[3] et la révocation, au début des années 2000, du primat de la non-violence sous l’influence, en particulier de Peter Gelderloos[4], accompagnent cette bascule conceptuelle.

La violence réhabilitée se met au service d’un absolu mystique et politique : sauver « Gaïa », la « Terre-Mère[5] », sauvagement « agressée » par le capitalisme. Cet activisme nourri d’utopie repose sur une croyance presque mystique qui porte les militants (dont l’étymologie renvoie au champ sémantique religieux en désignant, au Moyen-Age, celui qui « …appartient à la milice de Jésus-Christ[6] ») à croire que le système s’écroulera sous l’impulsion d’une poignée d’activistes qui secouent la torpeur des citoyens asservis qui, les yeux ainsi dessillés, jettent leurs chaînes.

Ce militantisme en quête d’absolu réfute la légalité républicaine. Des groupes, à l’image des « Soulèvements de la Terre » ou du « comité invisible », militent pour l’instauration d’espaces affranchis du droit commun et vivant sous l’empire de leurs propres règles comme à Notre-Dame-Des-Landes. Le terme de cette lutte est la ZAD, acronyme de « zone d’aménagement différé » détourné et devenu « zone d’autonomie définitive », lorsque la loi de l’État est supplantée. Le séparatisme sur une fraction du territoire est alors achevé.

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Bien sûr, il faut nuancer. « Extinction rébellion » (acronyme « XR ») qui reste globalement dans le registre des actions plus symboliques que violentes, ne peut être assimilée aux antifas violents contre les forces de l’ordre. Pour autant, même les groupes les moins violents s’associent aux militants qui agissent en « black-bloc ». La « diversité des tactiques[7] » est le mot d’ordre permettant de fédérer des groupes aux pratiques militantes différentes. Les moins violents ne récusent pas les individus masqués qui jettent des cocktails molotovs sur les forces de l’ordre. Une fois de plus, les discours ne doivent pas égarer. La « désobéissance civile » des uns ne conduit pas à la répudiation des extrêmes et encore moins à leur condamnation, fût-elle morale. La complicité de ces groupes est établie. En 2001, à Ottawa, les écologistes du groupe Living River ont entouré le « Black-Bloc » lui permettant d’échapper aux interpellations. Au début des années 2000, la « convergence des luttes anti-capitalistes » (CLAC) à Prague est le concept intégrateur qui permet à ces groupes d’opérer ensemble et de réaliser leurs objectifs par l’usage d’une dose de violence extrême[8]. Dans une interview récente, une militante confiait que, face à l’urgence climatique, l’« éco-fascisme » devenait une option ouvrant ainsi la voie vers l’autoritarisme, point d’arrivée du projet de ces militants (pourtant adeptes de la « désobéissance civile ») dont la violence est la voie opérative[9].

En outre, les militants qui affichent l’attachement à la non-violence ou à la désobéissance civile n’hésitent pas à revêtir occasionnellement la tenue noire ou bleue pour se constituer en « black-bloc » ou « blue-bloc »[10].

À la complicité des organisations, s’ajoute donc la porosité des postures qui contredit l’attachement proclamé à la « désobéissance civile ». Les luttes environnementales contemporaines, en France et en Europe, ont en effet largement crevé le plafond dans l’usage de la violence, ressuscitant la violence révolutionnaire dans une recomposition nouvelle.

Le retour de la violence révolutionnaire, nouvelle menace à la sécurité nationale

Les violences commises lors des grands rassemblements contestataires ne sont pas accidentelles, mais le produit d’une stratégie consciente, élaborée et, faut-il le dire, éprouvée.

Le succès des combats de Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Roybon, sont autant de victoires pour les « zadistes », terme générique qui coiffe sous une apparente unité une nébuleuse diverse, mais qui arrive néanmoins à trouver son point d’équilibre. Les mouvements radicaux contemporains ont élaboré une stratégie « hybride ». Celle-ci est héritière des stratégies indirectes de la guerre froide qui selon la formule du général A. Beauffre, recherchent « …l’essentiel de la décision par des moyens autres que la victoire militaire [11]». Cette définition stratégique de la guerre révolutionnaire mise en œuvre par les groupes insurrectionnels s’accorde avec les stratégies contemporaines de lutte dont elles sont les héritières. La violence a une fonction spécifique. Celle-ci se décompose en 3 effets.

La violence sert à intimider, en premier lieu, les acteurs de terrain (opérateurs de BTP, porteurs de projet). La défaillance d’un seul de ces acteurs provoque le naufrage du projet.

En deuxième lieu, elle cible l’État. L’usage de cette hyper-violence contre les forces de l’ordre vise à déclencher, dans une stratégie de harcèlement, une surréaction de celles-ci conduisant à un incident majeur impliquant un manifestant. L’emploi, en particulier de cocktails incendiaires dans les manifestations où surgissent des opposants du type « Black-bloc » (et désormais « Blue-bloc »), porte d’emblée la violence à son niveau maximum. Cette escalade-flash conduit la force publique au sommet du spectre de l’emploi de la force ab initio. Elle pose les conditions d’un drame.

Or, un incident majeur au maintien de l’ordre, dans un pays démocratique, porte immédiatement à incandescence l’opinion qui se déchire quant à la légitimité de l’action policière. À l’état latent, se pose la remise en cause du gouvernement, voire du régime. Cette stratégie, avatar contemporain de la « propagande par le fait » et de « l’action directe » chères aux mouvements libertaires, marque la résurgence de la violence révolutionnaire par des organisations se donnant pour objet la destruction de l’ordre légal-légitime.

En troisième lieu, la violence des groupes éco-activistes a pour objet, précisément, de détruire ce consensus autour de la légitimité de l’État. Cette destruction se place dans l’ordre des représentations symboliques. Elle permet d’acquérir une position d’« infodominance » qui ancre la délégitimation de la force publique dans l’opinion par une esthétisation orchestrée et destinée à fournir les images d’une mêlée entre la force publique et une foule montrée comme pacifique. Même brefs, ces affrontements se refléteront à l’infini sur les écrans grâce aux réseaux sociaux et aux chaînes d’information en continu, fournissant le support illustré du narratif martyrologique érodant la légitimité de l’action de l’État dans l’exposé, toujours plus documenté par les opposants, des « violences policières ». Répété, relayé massivement, le discours sur les « violences policières » conduit à l’assimilation insidieuse de l’État démocratique à une dictature, que prolonge l’accusation de criminalisation des luttes sociales lorsque ces violences aboutissent à des poursuites judiciaires[12]. Parallèlement, une guérilla des prétoires (« lawfare »), permet de soumettre à un feu roulant judiciaire les projets, les personnes morales parties prenantes et l’État.

Cette combinaison particulièrement élaborée de violence, de communication et d’action juridique fait écho à la définition que Raymond Aron donnait du terrorisme : action dont les «…effets psychologiques sont hors de proportion avec ses résultats purement physiques[13] ».

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Atteintes à la sécurité nationale

Cette contestation violente qui est à l’œuvre du régime politique démocratique et républicain est une atteinte à la sécurité nationale au sens qu’en donne le code de la défense, soit « …l’ensemble des menaces et risques susceptibles d’affecter la vie de la Nation, notamment en ce qui concerne […] la permanence des institutions de la République […] »[14]. Ces mouvements contestataires violents exploitent, insidieusement, la tolérance des démocraties pour une part de désordres considérés comme acceptables[15] , prix à payer de la liberté d’expression. Cela questionne la culture française du maintien de l’ordre qui, contrairement à ce qu’affirment ces opposants violents, est l’héritage de la Révolution française l’affiliant aux prémices de la République et non un surgeon du fascisme comme l’affirme Antonin Bernanos[16]. Dans la tourmente révolutionnaire qui s’ouvre en 1789, le nouveau régime, porté au pouvoir par l’émeute, comprend rapidement que la violence de rue doit être combattue, car contraire, par nature, à la stabilité politique et la concorde civile. La liberté d’expression est, dès les origines de la République, encadrée pour ne pas déboucher sur des destructions et des désordres contraires à l’intérêt commun. C’est le sens de la loi Mirabeau sur les attroupements armés de 1789.

Le maintien de l’ordre moderne est donc un legs démocratique et la condition du bon exercice des libertés. L’emploi de la force et l’usage des armes doivent être « proportionnés »[17] au trouble réprimé ce qui interdit à la force publique un usage sans retenue de la violence que la Nation lui remet entre les mains. Le juge judiciaire est garant, in fine, de l’appréciation de cette proportionnalité.

Prospective : un double risque de réémergence du terrorisme et de rupture de la souveraineté alimentaire

Le retour du péril révolutionnaire, phénomène cyclique en France depuis deux siècles, est lourd de plusieurs risques géopolitiques : terrorisme, terme logique de cette spirale radicale et affaiblissement de la souveraineté alimentaire du pays.

Cette menace s’affirme depuis une vingtaine d’années et se renforce avec le temps tout en opérant un virage radical. La tactique « Black-Bloc » fait des émules au sein d’une mouvance jusque-là attachée à un niveau de violence modérée. Les témoignages de militants qui évoquent « l’éco-fascisme » comme voie de sortie à l’urgence climatique sont incontestablement inquiétants.

En effet, la radicalisation conduit la fraction non-violente de l’opinion, légitimement inquiète pour l’environnement, à prendre ses distances avec ces mouvements de protestation. À l’inverse, la part des militants radicaux tend à croître au sein de la masse active. Cette spirale radicale est née du constat de l’inefficacité de la non-violence et de la désobéissance civile. Que craindre si le même constat s’impose au sujet des violences de masse ? Si la destruction du système économique capitaliste apparaît hors de portée ? Soyons lucides, un tel objectif est inaccessible pour des groupes qui réussissent, au mieux, à déstabiliser l’économie locale voire, une filière. Décourager un investisseur ou l’opinion de poursuivre un projet est une chose, abattre un système économique et social mondialisé en est une autre. Les conséquences sont autres.

Premièrement, la violence de masse sera, en toute logique, à son tour jugée inefficace. Le risque est alors grand que l’option terroriste s’invite d’elle-même dans les débats.

Source : Wikipédia

Le terrorisme accompagne toujours les mouvements révolutionnaires dont il est l’un des produits (nihilistes russes, anarchistes français du début du XXe siècle, terrorismes des mouvements révolutionnaires de libération coloniale, sentier Lumineux, FARC, etc.). Le terrorisme est aussi un produit de la physique des masses. L’intensité de la violence est fonction du volume de militants et de l’intensité de leur ferveur, quelle que soit la lutte. Une cause qui met en mouvement un grand nombre génère des manifestations. Si cette masse est une fraction marginale de l’opinion habitée par une cause absolue, la violence de masse sert à acquérir de la visibilité. Si cette masse s’amenuise, le « bataillon sacré » qui surgit du cœur de la masse active ne peut plus tirer sa force du nombre pour intimider le pouvoir. La terreur est alors la voie opérative des groupuscules, seul moyen d’acquérir l’énergie critique nécessaire dans ce rapport du faible au fort.

Affaiblissement économique

En second lieu, cette violence révolutionnaire porte un risque de régression économique. Prenant pour cible les projets de territoire (tourisme, industrie, infrastructures de transport, agriculture et industrie agroalimentaire), la violence a pour effet de casser la logique de modernisation de l’économie. L’abandon récent du projet d’implantation de l’entreprise Bridor à Liffré, ou l’échec du projet de retenue d’eau à Sivens sont des victoires pour des activistes violents dont le bilan réel est la perte de compétitivité des territoires et la fuite des investisseurs.

Par une sorte d’ironie de l’histoire, les miliciens de la révolution anticapitaliste, mus par la certitude que les succès remportés prophétisent l’achèvement des temps, ne font que réaliser les buts de guerre économique d’autres puissances. Le système capitaliste n’est pas menacé, il ne fait que se recomposer sur des territoires plus sûrs.

Dans la rivalité économique que se livrent les nations, l’affaiblissement de la France constituerait un gain évident pour ses rivaux, en particulier dans le domaine agricole. 6e exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires avec 4,5 % de part de marché[18], la France tient son rang, mais subit la concurrence de la Russie, des États-Unis ou du Brésil, pour ne citer que ces pays.

Dans un rapport sénatorial, la chambre haute pointe un phénomène de déclassement de l’agriculture française passée en 20 ans du 2e au 5e rang mondial.[19] Aux causes énumérées par les représentants de la Nation, on peut ajouter l’éco-activisme qui a pour effet d’inquiéter les investisseurs et d’insécuriser le processus d’investissement.

Cet impact sur l’agriculture française porte, au bout du chemin, une fragilisation de la souveraineté alimentaire au moment où la question de la souveraineté, énergétique, en particulier, fait son grand retour dans les débats.

Or, dans une économie mondialisée, les soubresauts et les mises sous tension des productions agricoles entraînent des répercussions sur les marchés dont les conséquences sont planétaires. Le début des années 2000 a vu le retour des émeutes frumentaires. En 2007-2008, les émeutes de la faim frappèrent l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Une mauvaise récolte, une campagne de blé insuffisante peuvent entraîner des troubles sociaux globalisés. Comme sous l’Ancien régime, une pénurie de matières premières agricoles entraîne des phases d’inflation qui condamnent les populations pauvres à la faim.

Des crises frumentaires balayèrent l’Ancien Régime. Au XXIe siècle, ces troubles déstabilisent des continents entiers. Le prix du blé a été l’un des ressorts cachés des printemps arabes.[20] Le blé est emblématique de cet « effet papillon ».

Plusieurs décennies d’abondance et de sécurité, en Occident, ont fini par faire oublier que le temps des famines n’est pas si éloigné. Pourtant, même le XXe siècle européen est hanté par la famine. Celle-ci est au cœur de la guerre civile russe (1917-1921). La mainmise sur les ressources agricoles des plaines russo-ukrainiennes était l’un des objectifs de l’opération Barbarossa lancée le 22 juin 1941 pour garantir la sécurité alimentaire de la population allemande. Hors d’Europe, la Chine et l’Inde sont obsédées par la sécurité alimentaire. Le spectre de la famine s’agite toujours à l’arrière de la scène des relations internationales et stratégiques. C’est un déterminant constant de la politique chinoise qui cherche à garantir, en permanence, ses approvisionnements par l’acquisition de terres dans le monde entier.

La déstabilisation d’un acteur de marché important comme la France peut, à terme, engendrer des répercussions planétaires, en plus d’une mise sous tension du pays lui-même désormais exposé aux aléas de marché par perte de sa souveraineté alimentaire.

La violence éco-activiste constitue non un phénomène marginal, sorte de bruit parasite du débat démocratique, mais un phénomène conçu, pensé avec beaucoup d’intelligence et qui prend de l’ampleur. Ce nouveau composite révolutionnaire constitue une véritable menace à la sécurité nationale tant par le risque engendré pour l’État et ses agents, que par les risques de fracturation territoriale et de déclassement économique qu’il porte.

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[1]Désobéissance civile, universalis.fr

[2]https://lapenseeecologique.com/etat-de-necessite-droit-penal-climatique/

[3]Andréas Malm, Comment saboter un pipeline, Ed. La Fabrique. Voir aussi : https://reporterre.net/Blocage-desarmement-A-la-Zad-deux-jours-de-reflexion-sur-les-luttes: « Désarmer plutôt que saboter.  Dégrader du matériel durant une action de désobéissance civile est en effet une ligne rouge que beaucoup n’osent pas encore franchir. Mais face à l’impuissance des mobilisations citoyennes et non-violentes, comment aller plus loin ? Quels sont les risques encourus ? Quelles conséquences politiques sur les alliances avec les associations plus institutionnelles ? À Notre-Dame-des-Landes, ces questions ont agité moult débats durant lesquels le mot « sabotage » n’a été que rarement prononcé, les activistes lui préférant le terme « désarmement ». Une subtilité sémantique cruciale afin de bousculer l’imaginaire politique. »

[4]Peter Gelderloos, Comment la non-violence protège l’État. Essai sur l’inefficacité des mouvements sociaux, éditions Libre, 2018.

[5]http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/fait-religieux-et-construction-de-l-espace/corpus-documentaire/gaia-hypothese-scientifique-veneration-neopaienne-et-intrusion

[6]https://www.littre.org/definition/militant

[7]Cf. Francis Dupuis-Peri, in Peter Gelderloss, op.cit. p. 28-29.

[8]Cf. Francis Dupuis-Peri, in Peter Gelderloss, op.cit. p. 25.

[9]Https //radiofrance .fr/franceinter/podcasts/interception/interception-du-dimanche-02-octobre-2022-1872330

[10]France culture, Les pieds sur terre, vendredi 30 avril 2021, Ceux qu’on appelle « black-bloc ».

[11]André Beaufre, Introduction à la stratégie, Hachette 1988.

[12]https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/criminalise-t-on-l-ecologie-4893493

[13]R. Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1962, p. 176.

[14]Article L. 1111 du code de la défense.

[15]https://www.vie-publique.fr/eclairage/279024-maintien-de-lordre-une-doctrine-en-debat

[16]Antonin Bernanos, « Fascisme, Police et contradiction », in Police, La fabrique éditions, 2020.

[17]Selon l’article 431 -3 du Code pénal, « la force déployée doit être proportionnée au trouble à l’ordre public et doit prendre fin lorsque celui-ci a cessé ».

[18]https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Filieres/Apiculture/2022/Performances-a-l-export-des-filieres-agricoles-et-agroalimentaires-francaises-en-2021

[19]https://www.vie-publique.fr/en-bref/286593-agriculture-francaise-une-puissance-mondiale-qui-decline

[20]https://portail-ie.fr/analysis/4077/le-ble-un-exemple-du-lien-entre-geopolitique-et-effet-papillon

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Photo : An Extinction Rebellion environmental activist is arrested by Dutch police officers during protest block the main entrance of the Rijksmuseum on February 26, 2021. (Photo by Paulo Amorim/Sipa USA)/32441888/PA/2102261540

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Guy Neuville

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