Les Choses : histoire de la nature morte   

15 janvier 2023

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Luis Egidio Melendez Nature morte avec pastèques et pommes dans un paysage Museo Nacional del Prado © Museo Nacional del Prado

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Les Choses : histoire de la nature morte  

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Aborder l’histoire de la peinture, de l’Antiquité à nos jours, à travers le thème de la nature morte, telle est le pari réussi de l’exposition Les Choses présentée au musée du Louvre. Un voyage pictural à travers les temps et les lieux, qui rappelle ce fil rouge de la culture européenne : porter le regard sur les choses simples.

L’exposition fait immanquablement penser à Francis Ponge et à ses poèmes sur la crevette et sur la cruche. Elle invite à porter le regard sur ces objets du quotidien, insignifiants, modestes, banals, dont la beauté se révèle avec le regard posé sur elles. Là réside l’art de la nature morte : voir la grandeur dans les choses simples, donner une signification théologique et philosophique aux objets quotidiens.

Adriaen Coorte, Six coquillages sur une table de pierre © RMN Grand Palais Musée du Louvre Michel Urtado

La nature morte nous renvoie à la mort, même si les Anglais l’appellent still life, « encore en vie ». Elle rappelle le temps qui passe, telles ces vanités avec leurs bougies, leurs têtes de mort, leurs fruits blets, leur pénombre. Méditer sur la grandeur de la vie quotidienne et sur la futilité de la vie qui passe, tel est le sens de ces tableaux.

Anonyme. Colmar, musée d’Unterlinden. 86.8.1.

Mais la nature morte rappelle aussi la vie, comme ces tableaux de citrons, de poissons, de pièces de boucher, dont l’accumulation des choses témoigne de la vitalité et de l’abondance obtenue. S’il y a peu de natures mortes aux époques antiques et médiévales, le genre connait une croissance à partir du XVIe siècle, témoin, aussi, de la croissance économique de l’Europe et donc de l’arrivée des choses dans les foyers, du moins dans les villes.

Manet Edouard (1832-1883). Paris, musée d’Orsay. RF1997.

Il est rare de trouver autant de grands peintres dans une seule exposition, et c’est là l’un des charmes particuliers de ce parcours : Chardin, Dali, Courbet, Géricault, Goya, Séraphine de Senlis, Van Gogh, Le douanier Rousseau, et une multitude de peintres flamands. Derrière ces natures mortes, il y a de l’émerveillement, de la couleur, même sombre, et des tableaux qui sont aussi des autoportraits aux objets.

Jean Antoine Houdon, La grive morte. Collection privée © Musée du Louvre Alain-Cornu. La photo rend mal la beauté simple et subjuguante de cette grive sculptée dans le marbre.

L’exposition se terminant le 23 janvier, il ne reste que quelques jours pour les découvrir.

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.

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