Le 4 janvier dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé un nouveau cap dans l’aide à l’armée ukrainienne avec la livraison future d’engins blindés AMX 10RC, un véhicule emblématique sur le point d’être remplacé dans l’armée française. L’occasion de faire un point sur le matériel lourd envoyé par la France et ses alliés européens.
Des dons français importants…
18 Canons CAESAR
Élément important qui a beaucoup fait parler de lui dans l’actualité : le canon CAESAR. Cet acronyme désigne le Camion Équipé d’un Système d’Artillerie, un élément important et emblématique de l’artillerie française par sa modernité et ses caractéristiques techniques à la pointe de la technologie. D’une précision très élevée pour cette catégorie d’engins, le Caesar dispose d’un emport de 18 munitions pour un canon de 155mm dans lequel peuvent être utilisés différents types d’obus : explosifs, éclairants, fumigènes, obus de semonce, anti-char. Sa cadence est de six coups par minute pour une portée allant jusqu’à 50 km selon le type d’obus engagé. Entrés en service en 2008, 76 canons Caesar sont en dotation dans l’Armée de Terre entre les unités combattantes et celles de formation. 18 ont été livrés à l’Ukraine sur une commande qui était destinée à être livrée au Danemark et le même nombre a alors été commandé par l’État à Nexter pour combler cette perte. L’avantage de ce canon vient également du fait qu’il est très mobile, car monté sur un camion. Un avantage considérable dans l’artillerie. Sa mobilité atteint une vitesse de 80 km/h sur route et 50 km/h pour le tout-terrain, avec une autonomie de 600 km. Son blindage est concentré sur la cabine de conduite et est en option, il est fait pour se protéger des tirs de calibre 7,62 mm, des mines et autres EED (Engin Explosif improvisé, IED en anglais). Bien évidemment, quelques milliers d’obus ont été livrés avec, ainsi que la formation nécessaire aux artilleurs ukrainiens pour son utilisation.
Canon Caesar dans la vallée de l’Euphrate en 2018
Un lot de canons TRF1
Autre canon de l’artillerie française, la TRF1 n’a pas la particularité d’être montée sur un camion, mais d’être un canon-tracté, et ce par un camion TRM 10 000 qui permet un emport de 56 munitions dont les catégories sont sensiblement les mêmes que pour le Caesar : des obus explosifs, éclairants, fumigène et anti-char. Possédant un motopropulseur, il peut cependant se déplacer seul dans une certaine mesure, à raison de 8 km/h. Prédécesseur du Caesar, ce canon est lui aussi fait pour accueillir du 155m avec une portée de 24 à 30 km selon la munition tirée et une cadence de 6 coups par minute ou 3 coups en 15 secondes en cadence rapide. Entré en service dans les années 1989-1990 aux 11e Régiment d’Artillerie de Marine (11e RAMa) et 68e Régiment d’Artillerie (68e RA), la dislocation du Bloc de l’Est réduit la taille des commandes de l’État français passant de 180 aux 105 livrés jusqu’en 2006. Ayant participé à de nombreux conflits comme la guerre du Golfe, le TRF1 est peu à peu retiré du service au profit du canon Caesar et les 4 derniers TRF1 du 5eRIAOM (5e Régiment Interarmes d’outre-mer) basé à Djibouti sont retirés en avril 2022. L’Ukraine en achète un lot à l’entreprise S2M Equipment, spécialisée dans le rachat de matériel militaire, dont au moins 6 exemplaires ont déjà été livrés.
TRF1 du 3e RAMa lors d’un exercice interallié en Allemagne en 2013
2 Lance-Roquettes Unitaires
Le lance-roquette unitaire (LRU) est une autre composante importante de l’armée de Terre française, lui aussi visé par un potentiel remplacement d’ici 2027. Monté sur un châssis américain Bradley M270, le LRU est un standard particulier. En effet, il s’agit à l’origine de lance-roquettes multiples (LRM, en service depuis 1983) qui seront plus tard interdits pour les pays signataires par la convention d’Oslo (ou Convention sur les armes à sous-munitions) en 2008. Ainsi la France avait acquis 57 LRM avec 22 000 roquettes M26 dont 48 seront mises en service aux 1er et 12e Régiments d’Artillerie (1er RA et 12e RA). De fait, depuis 2014 seul le 1er RA possède encore treize LRU dont deux furent livrés à l’Ukraine en octobre dernier. Également équipé de munitions très précises (Roquette M31 guidées à charge creuse, les M26 ayant été interdites par la convention d’Oslo), la portée du LRU est de plus de 70km, pour une altitude pouvant atteindre environ 20km avec une autonomie de 500 km et une vitesse sur route de 70 km/h. Sa capacité d’emport est de 12 roquettes dont la précision varie de 3 à 5 mètres. Sa protection est assurée par un blindage de 25 mm de la cabine et la présence d’une mitrailleuse.
MLRS (Multi-Launch Rocket System) du 1st Regiment Royal Horse Artillery s’entraînant dans la campagne britannique.
2 batteries Crotale NG
Le Crotale désigne ici les missiles Crotale R-440 utilisés par ces batteries de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Sur les douze possédées par cette dernière, deux ont été livrées à l’Ukraine. Ces batteries sol-air de courte portée (entre 13 et 15 km pour 6 à 9 km d’altitude) et utilisant des missiles VT1 (livrés en nombre significatif selon le ministre des Armées Lecornu), permet de lutter contre les aéronefs de tout type à basse altitude et faible vitesse. La batterie se compose donc d’une unité d’acquisition (UA) qui permet de prendre en charge jusqu’à 12 objectifs à la fois, et de deux voire trois unités de tir (UT), chaque unité étant composée de quatre missiles et également d’un radar d’acquisition et de poursuite chargé de recevoir le signal de l’UA lorsqu’une cible est désignée comme telle et affectée à une UT.
Ces missiles VT1 ont de plus une vitesse de Mach 3,5, alors que les R-440 n’allaient « qu’à » Mach 2,3. Deux missiles peuvent être tirés en quelques secondes, et le système nécessite 5 min pour être mis en batterie. Il nécessite également d’être monté sur un véhicule de transport : le P-4 R, un camion d’une autonomie de 500 km et d’une vitesse 70 km/h, avec un blindage de la cabine allant de 3 à 5 mm.
Les premières versions sont livrées dès 1971 par l’Afrique du Sud qui était à l’origine de la commande d’un tel système et les utilisa pour sa guerre de la frontière. Elles ont ensuite été utilisées dans la guerre du Kippour, en Lybie, en Irak ou encore au Tchad.
Lanceur de missiles Crotale lors du défilé du 14 juillet
60 Véhicules de l’Avant Blindé
Presque qu’aussi mythique que la P4 et délégué au transport de troupe dans l’armée française, le VAB est en service depuis 1976 et a connu tous les théâtres d’opérations français. De plus, il a également connu les opérations marocaines au Sahara occidental, libanaises, qataries au Yémen, et donc récemment en Ukraine.
Véhicule le plus présent au sein de l’armée française avec environ 2 500 exemplaires dans le parc en 2021, 60 de ceux-ci ont été envoyés en Ukraine.
Existant en plus d’une cinquantaine de versions selon les armes dans lesquelles il sert et ses utilisations (Transmission, commandement, médical…), le VAB est généralement muni d’une mitrailleuse 7,62 mm calibre OTAN ou 12,7 mm pour les véhicules d’infanterie, il peut également être équipé d’un canon-mitrailleur de 20 mm ou de 25×137, ou bien encore de lance-missile comme sur le VAB HOT (ou Méphisto). Son blindage le protège des munitions de 7,62 mm, mais aussi des mines et des éclats en tout genre.
Les différentes mises à jour de ces dernières années ont modifié considérablement ses capacités, notamment l’emport passant de 10 hommes à 6 concernant les fantassins (dû à l’augmentation de l’équipement de ces derniers) ou encore l’autonomie descendue à 230 km à cause d’une consommation plus élevée en carburant alors qu’elle était initialement d’environ 1 000km. L’armée française prévoit son remplacement progressif par les nouveaux véhicules Griffon et Serval dans le cadre du programme Scorpion.
Les versions du VAB envoyées aux Ukrainiens ne semblent pas être spécifiées, mais d’après les images ayant tourné sur les réseaux sociaux, il s’agirait de modèles sommairement équipés.
VAB aux nouvelles couleurs de l’armée française durant le défilé du 14 juillet 2021
Des AMX 10RC au programme
Ces véhicules promis par Emmanuel Macron sont eux aussi emblématiques dans l’armée française, puisqu’arrivés en 1979 au 2e Régiment de Hussards (2e RH) et sur le point d’être remplacé aujourd’hui par le Jaguar, véhicule faisant aussi partie du programme Scorpion.
Issu des ateliers d’Issy-les-Moulineaux d’où provient son nom, il remplace l’Engin Blindé de Reconnaissance (EBR) alors en service et est en réalité la version à six roues (RC signifie Roues-Canon) de l’AMX-10P, blindé a chenille servant à l’infanterie pour le transport, le combat et l’appui remplacé aujourd’hui par le Véhicule Blindé de Combat d’Infanterie (VBCI).
Le rôle principal de l’AMX est la reconnaissance-feu, c’est-à-dire la reconnaissance et la possibilité de riposter en cas d’attaque. Une revalorisation au cours des années 2000 donnera l’AMX 10 RCR dont il resterait aujourd’hui un peu moins de 250 exemplaires dans le parc français. Il a été déployé sur de nombreuses opérations dont on pourrait noter parmi les plus notables Tempête du Désert durant la guerre du Golfe, durant les opérations françaises en Afghanistan, au Mali ou encore par le Maroc durant la guerre du Sahara Occidental, et donc prochainement l’Ukraine.
Pour l’aspect technique, l’AMX 10 RC a la particularité comme nous l’avons dit d’être sur roues et non sur chenilles, avec une autonomie de 800 km pour une allure de 80 km/h sur route et 40 km/h en tout-terrain. Son blindage le protège des projectiles de l’artillerie et des moyens calibres, et un surblindage en acier est ajouté après l’opération Tempête du Désert ce qui marque la fin de son caractère amphibie qui existait alors. Sa portée est d’environ 2 km pour le canon qui accueille des obus de 105mm et de toutes sortes : explosifs, fumigènes, à charge creuse, flèche. Ce canon est accompagné de deux mitrailleuses de calibre 7,62 mm.
Il est important de souligner également que les munitions acceptées (105 x 527R) par l’AMX 10 RC ne sont pas au standard OTAN ce qui fait que l’Ukraine sera entièrement dépendante de la France pour ce qui est des munitions.
AMX-10 RC en action durant un exercice hivernal, 4e Régiment de Chasseurs
20 véhicules blindés Bastion
Les ARQUUS Bastion sont des véhicules blindés, essentiellement utilisés pour le transport de troupes, à l’instar du VAB présenté plus haut, fabriqués par la firme française Arquus Défense. De tous les véhicules présentés dans cet article, le Bastion est le seul à ne pas être utilisé par les armées françaises puisque destiné à l’export uniquement, bien que les Forces Spéciales Françaises l’aient évalué.
Avec un châssis basé sur le VLRA (camions tout-terrains fabriqués à Saint-Nazaire par ACMAT, aujourd’hui filiale d’Arquus) ils sont équipés d’une tourelle mitrailleuse de calibre 12,7 mm ou 7,62mm qui peut-être téléopérée. Leur blindage leur assure une protection contre les armes de calibre 7,62mm, les mines et les différents éclats. Leur capacité d’emport est de 8 hommes (plus deux pilotes) et leur mobilité se caractérise par une vitesse de 110 km/h sur route pour une autonomie de presque 1 400 km.
Comme la plupart des véhicules, il possède plusieurs versions : le Bastion PATSAS (Patrouille SAS) réservée aux forces spéciales plus légère (10t au lieu de 12t), mais avec moins d’emport (5 soldats équipés). Il est équipé d’une mitrailleuse 12,7mm et peut en emporter 3 autres de 7,62mm. En 2018, un accord a été signé avec l’US Army pour concevoir une version ambulance du Bastion.
Ses principales zones de déploiement ont été le Burkina Faso dans le cadre de la lutte antiterroriste de la force conjointe G5 au Sahel, de la même manière au Mali, au Tchad et au Niger ; le Sénégal en a également acquis pour sa police et l’ONU en a fourni à la Tanzanie pour des opérations de maintien de paix.
Le prochain théâtre à son actif sera donc l’Ukraine puisque la France a décidé d’en livrer 20 exemplaires à l’armée ukrainienne.
Bastion APC fournis par les Américains aux forces populaires ougandaises en 2017
Il est important de rappeler que l’aide française aux armées ukrainiennes se compose également de missiles (Mistral, Milan…) et d’équipement individuels (Casques lourds, lunettes infrarouges, matériel médical, gilets pare-balles, rations de combat, etc.) et bien sûr d’une aide financière importante. De plus, 2 000 soldats ukrainiens devraient être formés par la France dans le cadre de la mission européenne EUNAM dont 400 le sont déjà, principalement sur les équipements livrés.
Des dons importants pourtant souvent décriés par certains, pointant du doigt une France qui ne ferait pas assez, notamment par rapport à ses voisins européens. Ainsi, concernant le matériel terrestre lourd, voici ce qu’ont envoyé nos alliés européens.
Une Europe également très généreuse
L’Allemagne
Alors que la question des Léopard 2 demandés par l’Ukraine se pose en Allemagne, nous pouvons revenir sur le matériel envoyé par l’un des plus gros contributeurs du soutien à l’Ukraine.
40 Marder
À la suite des annonces françaises à propos des AMX-10 RC, l’Allemagne a en effet annoncé l’envoi de 40 véhicules blindés Marder en usage dans ses armées, dont la livraison s’étendra sur le premier trimestre 2023. Ce véhicule de combat d’infanterie est entré en service durant la Guerre froide au début des années 1970 en Allemagne de l’Ouest. Remplacé peu à peu par le Puma depuis 2010, le Marder a connu de nombreuses versions et a notamment servi durant la seconde guerre d’Afghanistan. Avec un transport de 6 ou 7 hommes (plus 3 : pilote, tireur, chef d’engin) selon les modèles, son blindage d’acier varie entre 11 et 32 mm permettant de se protéger des calibres 7,62 mm, mais aussi des balles perforantes-incendiaires de 14,5 mm et des obus de 23 mm sur la partie frontale, voire de 25 mm aujourd’hui sur certaines versions. Il dispose de nombreux armements : un canon-mitrailleur de 20 mm (Mk20 Rh-202), un lance-missile antichar MILAN (4 missiles) ou Spike depuis 2018 et une mitrailleuse de 7,62 mm MG3. Avec une vitesse sur route allant jusqu’à 75 km/h, son autonomie dépasse les 500 km.
Les différentes versions existantes font varier les qualités ou les caractéristiques du blindage, des radars, transmissions ou encore les brouilleurs.
Marder 1A3 du 391e Bataillon de Panzergrenadiers
18 obusiers Boxer RCH 155
Autorisée d’envoyer ces pièces d’artillerie en Ukraine par le gouvernement allemand, la société KMW (Krauss-Maffei Wegmann) devra également fournir les pièces de rechange et former le personnel pour un coût total de 216 millions d’euros. Équipé d’un canon de 155 mm le RCH 155 est un automoteur capable d’atteindre au moins les 100 km/h pour autonomie de 700 km. Avec un système de chargement automatique, sa cadence est de 9 coups par minutes pour une portée de 30 km avec les obus conventionnels et jusqu’à 56 km avec certains plus spécifiques (V-LAP sud-africain). Il peut également être adapté avec un canon de 105 mm.
Le système MIM-104 Patriot
Sur la même ligne que les États-Unis, d’où provient ce système, les Allemands ont décidé d’envoyer à l’Ukraine l’un de leur système antiaérien Patriot. Développé par la firme Raytheon il entre en service en 1984, mais plusieurs versions et développement existent et permettent également la lutte contre les missiles balistiques depuis le 104C/PAC-2 déployé en 1990 pour la guerre du Golfe. Ces missiles sol-air vont de Mach 2.8 à 4.1 avec une portée de 240 km pour les dernières versions et une altitude dépassant les 24 km. Avec une taille plus petite les PAC-3 permettent un poste de tir à 16 missiles contre 4 auparavant. Monté sur une remorque, le poste est tracté par un HEMTT ayant une vitesse de pointe à 100 km/h pour une autonomie d’un peu moins de 650 km. Outre le Golfe le Patriot a également connu l’Irak, la Syrie, le Japon, le Yémen et aujourd’hui l’Ukraine.
Lancement d’un missile Patriot PAC-2 Néerlandais
14 PzH 2000
Autre obusier fabriqué par KMW, il est en service depuis 1998 et encore aujourd’hui dans plusieurs armées (Italie, Grèce, Qatar…). Ayant connu comme premier théâtre d’opérations l’Afghanistan, le PzH 2000 est une abréviation de Panzerhaubitze (Obusier blindé) et se caractérise par un canon de 155 mm pour une portée de 30 km pour les obus conventionnels et de 56 km pour les obus roquette avec une cadence importante de 9 à 10 coups par minute (les 3 premiers en 10s) et 20 coups en 2min30. Ce canon est accompagné comme armement secondaire d’une mitrailleuse MG3 de 7,62 ou d’une FN MAG du même calibre. Comme le RCH 155, le PzH 2000 est un canon automoteur avec une vitesse de 65 km/h pour 420 km d’autonomie et un emport de 60 obus possible. En plus des 7 envoyés par l’Allemagne en mai 2022, elle en a vendu également 100 en juillet dernier, les Pays-Bas en ont envoyé 8 et l’Italie un nombre inconnu.
Un PzH 2000 néerlandais en Afghanistan, 2009
4 MLRS Mars-II :
Les MLRS désignent des Multiple-Launch Rocket System dont le type MARS (Middle Artillery Range System) arrive en Allemagne en 1990, mais il est déjà en activité dans l’US Army depuis 1983. La version MARS-II envoyée en Ukraine permet de tirer des missiles guidés augmentant ainsi la précision des tirs (environ 7 mètres) et possède des améliorations GPS, de conduite de tir, etc. Les missiles du type M31 (230 mm) peuvent voler à Mach 3,4 avec une portée amenée à 80km (elle était de 60km avec la précédente M30, et est prévu à 140 km pour la prochaine version). Le MARS-II peut accueillir 12 missiles simultanément avec une cadence permettant de tous les tirer en 1 minute.
Photo d’un MLRS MARS-II issue du site de KMW
50 Véhicules de transport blindés Dingo
Encore un véhicule sortit de la société KMW. C’est un blindé de transport de troupes allant de 5 à 10 passagers selon les versions qui résiste aux mines, aux éclats d’artillerie et aux calibres « classique ». Une deuxième version arrivera en 2000 offrant une meilleure protection et une plus grande charge utile. Son armement varie entre les mitrailleuses 7,62 mm ou 12,7 mm et les lance-grenades automatiques HK GMG et son autonomie entre 700 et 1000 km selon la version (courte, longue ou GFF).
ATF Dingo 2 de la 37e Brigade de Panzergrenadier durant un exercice, juste après avoir franchi l’Elbe
37 chars Guépard
De son vrai nom Flugabwehrkanonenpanzer Gepard ou Flakpanzer Gepard est un char antiaérien germano-suisse entré en service en 1976 dont le programme a plus tard été rejoint par la Belgique et les Pays-Bas et est resté en service dans ces pays jusqu’à la fin des années 2000 et n’a à l’heure actuelle aucun remplaçant au sein de la Bundeswehr. Ce véhicule est équipé de deux canons Oerlikon KDA L/90 de 35 mm (du nom de la firme suisse ayant travaillé sur projet) tirant des obus explosifs ou pénétrants pour une portée de 6 500 m et une altitude maximale de 4 800 m. Son autonomie est de 560 km pour une vitesse sur route de 65 km/h. Ces engins furent tirés de leurs stocks puisque retirés depuis longtemps, et quelques problèmes de munitions furent à gérer étant donné que la Suisse et son immuable neutralité ne voulaient pas fournir les stocks de missiles qui lui restait.
Flakpanzer Gepard de la Bundeswehr
L’Italie
FH70
Envoyés en nombre inconnu par nos voisins transalpins, les FH70 sont des canons se rapprochant du TRF1 français. En service depuis 1978, il a notamment fait ses preuves au Liban durant la guerre civile. Doté d’un calibre de 155 mm sa cadence peut être de 3 coups en 15 secondes pour une rafale ou de 3 à 6 coups par minute pour une cadence soutenue avec une portée maximale de 30 km. De la même manière que le TRF1, le FH70 doit être tracté par un véhicule ce qui limite sa mobilité.
D’autres exemplaires ont également été envoyés par l’Estonie
Une batterie de FH70 du 21e Régiment d’Artillerie italien « Trieste »
Le système SAMP/T – Mamba
De concert, Paris et Rome vont livrer à l’Ukraine une batterie de système Sol-Air Moyenne Portée/Terrestre – Mamba (Moyen de défense Anti-Missile Balistique et Aérobie) sur les 5 que compte le 4e Régiment d’Artillerie antiaérienne italien. Ce système vise à protéger l’espace aérien contre les avions ou missiles de croisière. Pour la partie antiaérienne le système a une portée allant de 50 à 100 km selon les avions ciblés et d’une dizaine de km pour la défense antimissile utilisant les missiles Aster 30 Block 1. En France ces systèmes ont remplacé les Hawks et les Crotale. Le système se subdivise en 3 sous-systèmes : celui de la conduite de tir/radar, celui de lancement terrestre et le missile en lui-même.
Système de lancement terrestre du SAMP/T au défilé du 14 juillet
Espagne
1 système Aspide 2000
Au moins un de ces systèmes antiaérien de moyenne portée d’origine italienne a été envoyé par l’Espagne en Ukraine. Ses missiles équipaient auparavant les avions Aeritalia F-104S Starfighter en version air-air. Sur les quatre versions c’est la version sol-air du Mk1 qui fut envoyé en Ukraine par l’Espagne fabriqué à partir de 1988. La vitesse de ce missile est de Mach 2 avec une portée de 28 km et un plafond de 3,5 km.
Batterie antiaérienne italienne d’Aspide 2000
Missile Aspide 2000 de la Marine péruvienne
20 TOA M113
De facture américaine, ces Transporte Oruga Acorazado sont en service depuis 1960 et seront progressivement remplacés en Espagne par les véhicules blindés « Dragon ». Capable de transporter 11 personnels, ce camion sur chenille a une vitesse 66 km/h sur route pour une autonomie de 480 km. Avec plusieurs versions (lance-flamme, dépannage, mortier, ambulance…) il a pour armement de défense une mitrailleuse M2 de 12,7 mm, avec en plus un blindage allant de 38 à 45 mm.
50 exemplaires ont également été envoyés par le Danemark et d’autres aussi par la Lituanie.
Grande-Bretagne
Challenger 2
En service depuis 1998, ce char britannique a notamment connu la guerre d’Irak et le Kosovo. Son armement se compose d’un canon de 120 mm et de munitions spécifique avec une durée de vie du tube de 500 coups et l’engin possède une capacité d’emport de 52 obus. À cela s’ajoutent deux mitrailleuses de 7,62 mm. En termes de mobilité, le Challenger 2 possède une autonomie allant de 450 à 550 km selon sa dotation en réservoirs largables pour une vitesse sur route de 60 km/h. Son blindage est de type Dorchester en matériaux composites. Le gouvernement a statué sur l’envoi de ces chars, mais nous ne connaissons pas encore le nombre exact, certains médias anglais parlent de 12 exemplaires, 4 immédiatement et 8 plus tard. L’envoi de ce type de char lourd fait franchir un cap certain dans l’aide militaire offerte à l’Ukraine.
Challenger 2 durant un exercice amphibie de la 1ère Brigade Mécanisée dans le Hampshire
120 véhicules blindés
Nous ne connaissons pas la répartition exacte de ces 120 véhicules, mais il s’agit des modèles suivants :
MRAPs de type Cougar Mastiff et Wolfhound
Les MRAP (Mine Resistant Ambush Protected) sont une classe de véhicules blindés spécialement conçus pour résister aux Engins Explosifs Improvisés (EEI). Ils ont été mis en service au début des années 2000 d’après les conflits modernes où les mines et EEI représentent un risque important. Les MRAP sont utilisés dans de nombreuses armées (les Aravis en France ou les ATF Dingo en Allemagne) et sont encore utilisés dans la lutte contre la guérilla sur de nombreux terrains : Afghanistan, Égypte, Yémen, Syrie … et même par les Russes en Ukraine.
Les MRAP se divisent en 3 catégories et de multiples versions selon leurs poids, taille et utilité (anti-mines, missions sous feu ennemi, spécifiques pour certaines missions). De fait le Wolfhound est un véhicule de soutien tactique utilisé par exemple pour tracter les canons d’artillerie. Leur blindage et leur armement varie en fonction du modèle et leur mobilité se caractérise par une vitesse d’environ 100 km/h pour une autonomie de 1000 km.
MRAP Cougar danois en Afghanistan, 2011
Husky
Les Husky sont des véhicules sud-africains de soutien détecteurs de mines eux-mêmes protégés contre les mines et IED, ils sont principalement utilisés pour assurer la route d’un convoi. Entrés en service dans les années 1970, ils sont équipés de détecteurs de métaux très sensibles et sont prévus pour s’endommager de manière prévisible en cas d’explosion pour être réparés directement et rapidement sur le terrain. D’autre équipement comme un rouleau de déminage ou une mitrailleuse 7,62 sont disponibles selon les versions et son blindage protège des calibres 7,62 mm. Sa vitesse maximale est de 70 km/h.
Huskys de l’USMC en Afghanistan
35 FV-103 Spartan
Blindé utilisé pour le transport de troupes (5 passagers), le FV-103 Spartan est un véhicule britannique entré en service en 1978 de combat de reconnaissance. Il est principalement utilisé par des unités spécialisées et non pas l’infanterie allant sur le champ de bataille (artilleurs, sapeurs…). Il est protégé par une mitrailleuse de 7,62 mm FN MAG. Il existait une version FV-120 pouvant tirer des missiles MILAN et transporter des Javelin, mais elles ne sont plus en activité dans l’armée britannique. Leur vitesse sur route est de 80 km/h et 35 exemplaires auraient été envoyés en Ukraine.
FV-103 Spartan pendant un exercice amphibie dans le Hampshire
Nos alliés outre-Manche auraient également envoyé 4 MLRS Mars-II (cf. Allemagne).
Pologne
50 à 60 PT-91 Twardy
Char de combat polonais datant de 1996, le PT-91 Twardy héritier des T72 et T64. Sa mobilité est de 60 km/h pour une autonomie allant de 650 à 700 km selon les réservoirs en dotation. Il est armé d’un canon de 125 mm avec un emport de 42 obus, et d’une mitrailleuse de 7,62 mm plus une autre de 12,7 mm. Il existe de nombreuses versions, notamment pour l’armée malaisienne, modifiant quelques caractéristiques techniques modifiant sa mobilité ou sa précision de tir.
PT91 Twardy durant le défilé du 15 août, jour des Forces Armées en Pologne
230-240 T-72
Char emblématique de l’ère soviétique, le T-72 est un char qui est vu comme un T-64 simplifié donc moins couteux en service depuis 1973 et dont la production continue encore aujourd’hui. Son successeur le T-90 est plus moderne et fut envoyé dans le Donbass par les Russes. Il existe plus de quarante versions faisant varier le blindage (au moins 350 mm) ou quelques caractéristiques et améliorations techniques, mais d’une manière générale il est équipé d’un canon de 125 mm et de deux mitrailleuses de 7,62 et 12,7 mm. Sa vitesse de 60 km/h s’accompagne d’une autonomie de 500 à 700 km selon l’emport de bidons largable prévu.
En tout plus 300 T-72 furent envoyés en Ukraine avec la participation notamment de la République tchèque ou de la Macédoine du Nord (30 exemplaires)
Un T-72 iraquien de la 9e Division en 2006
40 BMP-1
Autre véhicule de combat soviétique, le BMP-1 est un véhicule de combat d’infanterie en service depuis 1966 dans l’Armée rouge. Véritable succès technologique comparé à l’AK-47, il permet d’emporter 8 passagers de manière sécurisée avec un blindage allant jusqu’à 33 mm. Il dispose d’un canon de 73 mm et d’un lance-missile antichar en plus d’une mitrailleuse de 7,62 en armement secondaire. Sa mobilité aussi importante pour l’époque est caractérisée par une vitesse sur route de 65 km/h et de 45 km/h en tout-terrain avec une autonomie de 600 km sur route et 500 km en tout-terrain. Comme la plupart de ces véhicules, de nombreuses versions existent faisant varier leur équipement, caractéristiques techniques et utilité.
En échange de 40 Marder, la Grèce a elle aussi envoyé 40 BMP-1 aux Ukrainiens sur les 122 de chaque annoncés en juin. Le même échange fut effectué par la Slovaquie avec 30 BMP-1 envoyés en Ukraine contre 14 Léopard allemands ou la Slovénie qui a envoyé 35 BMP M80A contre des Marder et Leopard.
BMP-1 capturé par les Américains en Irak durant la Guerre du Golfe, 1991
BM-21 GRAD
Le BM-21 GRAD est un LRM (lance-roquettes multiple) soviétique en service depuis 1963, « Grad » signifiant « grêle ». Dotés de canons de 122 mm, ces camions ne disposent d’aucun blindage et sont très mobiles : 75 km/h pour une autonomie de 450 km. Sa capacité est de 40 roquettes (le camion dispose de 40 tubes). Ses différentes versions et munitions lui offrent une portée de 5 à 45 km et une capacité de saturation de 1 hectare en une salve, mais nécessite 10 minutes de rechargement.
On ne connait pas le nombre exact de BM-21 GRAD envoyés par la Pologne, d’autant plus que c’est un véhicule déjà utilisé par les deux pays belligérants.
BM-21 GRAD vénézuéliens lors de la commémoration de la mort d’Hugo Chavez en 2014
BM-21 GRAD en action dans le sud de l’Ukraine, octobre 2022
Obusiers 2S1 Gvozdika
Arrivé en service en 1972 dans l’armée soviétique, le 2S1 Gvozdika est un char équipé d’un canon de 122 mm et d’un blindage de 20 mm. Une version amphibie peut lui permettre de combattre par tempête de neige ou dans des marais. Avec une mobilité caractérisée par une autonomie de 500 km et une vitesse de 60 km/h sur route, il a connu de nombre théâtres de conflits : Tchétchénie, Golfe, Irak, Kosovo, Lybie, Syrie…
On ne sait pas exactement combien ont été envoyés par la Pologne, sachant qu’il est en dotation en Russie et également en Ukraine.
Obusier 2S1 Gvozdika de l’armée serbe
72 AHS Krab
L’AHS Krab est quant à lui un obusier polonais doté d’un canon de 155 mm entrée en service en 2008 et dont les nouveaux modèles n’ont pas tous été livrés à ce jour à la Pologne. Sa portée est comprise entre 30 et 40 km selon les obus utilisés et sa cadence est de 6 coups par minute. Sa vitesse sur route est de 67 km/h et 30 km/h en tout terrain pour une autonomie de 400 km. Sur les 72, 18 furent donnés et 54 vendus. L’Ukraine semble être sa première expérience réelle de combat.
AHS Krab exposé à Kiev en 2017
Norvège
22 M109 A2/A3
Obusiers américains en service depuis 1963, M109 qui sont les versions modernisées en milieu de vie, sont équipés de canon de 155 mm avec une portée de 18 à 30 km selon les munitions utilisées et une capacité d’emport allant de 36 obus. De même son autonomie varie de 300 à 350 km/h avec une vitesse comprise entre 55 et 60 km/h sur route et 20 et 30 km/h en tout-terrain. Pour sa protection, il possède aussi une mitrailleuse M2 de calibre 12,7 mm. Les Pays-Bas en ont également envoyé quelques-uns.
26 M109A4 furent achetés à une société belge de déstockage et des M109A5 furent donnés par les Italiens également.
3 MLRS Mars-II (cf. Allemagne)
De son côté nous pouvons également citer la République Tchèque qui a livré des LRM RM-70 et des BMP-1 sans que le nombre soit précisé.
Bien évidemment il s’agit ici d’une liste non exhaustive puisque ces informations ne sont pas toujours accessibles ou certaines et que nous nous sommes ici concentrés sur la France et les pays européens et plus précisément sur le matériel terrestre lourd. Ces mêmes pays et bien d’autres par conséquent non cités ont également envoyé de nombreux matériels individuels (casques, armes de poing, gilets, matériel médical…), de l’aide humanitaire et financière, sans parler des munitions de tous calibres, des missiles et des aéronefs.