<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> De la guerre au vestiaire

4 septembre 2022

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Célébrations du jubilé de platine de la reine Elizabeth II Crédits : Amer Ghazzal/Shutterstock RAF soldiers march during the changing of the guard at Buckingham Palace as part of the 70th anniversary commemorations of Queen Elizabeth II assuming the throne, the longest reign of a British or English monarch Queen Elizabeth II platinum jubilee celebrations, Buckingham Palace, London, UK - 07 Feb 2022/shutterstock_editorial_Queen_Elizabeth_II_platinum_ju_12793483h//2202071610

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De la guerre au vestiaire

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Le chic anglais est souvent né pour la guerre avant de fournir le vestiaire des hommes. Trench-coat, chaussure chukka, pantalon gurkha, autant de pièces qui trouvent leur origine dans l’armée anglaise.

 Chukka boot : Inde, polo et Windsor. Bottine légèrement montante en forme de derby, cette chaussure était utilisée en Inde par les joueurs de polo. Les périodes du jeu étant divisées en chukkers, la chaussure a fini par prendre ce nom. L’histoire a retenu la date de 1924, moment où le duc de Windsor rapporte ce modèle en Angleterre après l’avoir découvert dans l’empire. Protégeant bien la cheville, légère à porter, facile à entretenir, ce modèle fut choisi par l’armée d’Afrique lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est avec elles que les Brit marchèrent dans le désert de Libye et d’Égypte et qu’ils partirent à l’assaut de Rommel. Dans les années 1960, la chukka devint à la mode sur les campus libertaires. Les fils à papa qui se révoltaient contre l’oppression familiale rejetèrent le richelieu, trop formel, pour une chaussure plus décontractée. Ignorant sûrement son histoire et les origines aristocratiques de ce modèle.

Ceinture gurkha : hommage aux Népalais. Toujours en Inde, les Britanniques s’appuyèrent sur les régiments gurkhas, des unités de l’armée recrutées au Népal issues d’une ethnie du Rajasthan. Connus pour leur résistance, leur intrépidité et leur ardeur au combat, les Gurkhas portaient à leur ceinture le khukuri, un couteau népalais à longue lame. La ceinture de leur pantalon se composait de deux bandes de tissus croisées à la taille et boutonnées sur le côté. Une manière de faire qui inspira les couturiers italiens. Le pantalon gurkha est devenu le chic des tenues romaines et napolitaines.

Trench-coat : du mastic et des carreaux. Comment partir à la guerre avec un vêtement perméable, alourdi sous le poids de l’eau, qui retient la transpiration et ne résiste pas à la boue ? Les premières semaines dans les tranchées du nord de la France furent difficiles pour les compagnies anglaises. L’armée demande à l’un de ses tailleurs, Thomas Burberry, de produire un pardessus mieux adapté aux conditions climatiques. Partant d’une toile de coton, il fabriqua un manteau imperméable, léger et résistant. Teint en ocre pour supporter la boue, croisé pour limiter le froid, disposant d’épaulettes et d’anneaux en métal pour accrocher les ustensiles de guerre. Ainsi est né le « manteau des tranchées » ou trench-coat. Sa renommée quitta vite le monde militaire pour rejoindre le civil, bien aidé par l’engouement du cinéma, notamment d’Humphrey Bogart.

Le caban de la Navy. Voilà une pièce qui est passée de la cale au salon. Il s’agirait à l’origine d’une cape utilisée par les pirates barbaresques en Méditerranée. Les Anglais reprirent l’idée et la Royal Navy l’adopta officiellement en 1800 puis la Royale en 1845. Le caban est court, ce qui facilite les mouvements, il tient chaud, protège des intempéries avec son large col rabattable, dispose de poches ventrales facilement accessibles et d’un double boutonnage qui permet de se protéger du vent, que celui-ci vienne de bâbord ou de tribord. Vêtement des hommes d’équipage, il a connu en France le chic de la haute couture lorsque Yves Saint Laurent en proposa une nouvelle version en 1962. On vit désormais femmes et écrivains le porter puis plus tard Parisiens en villégiature sur les côtes bretonnes et normandes. Un petit air d’encanaillement pour une pièce qui résiste à l’air du temps.

Blazer et bouton doré. S’il dispose désormais de nombreuses variantes, le blazer d’origine militaire est de couleur bleu foncé, coupé croisé et disposant de six boutons dorés. Il est apparu lui aussi au début du xixe siècle, dans des circonstances qui varient selon les historiens militaires. Le blazer a bénéficié de l’uniformisation et de l’industrialisation du vêtement militaire. Reprenant les codes du caban, il est toutefois plus léger et plus codifié. Les clubs d’aviron ont repris l’idée du blazer, mais en en proposant une coupe droite. Le club du Saint John’s Collège de Cambridge a doté ses membres d’un blazer rouge flamboyant, dit rouge de Cambridge, qui avait le mérite d’être facilement visible lors des régates sur la Tamise. Utile pour briller en société, moins commode pour se camoufler lors d’une guerre.

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À propos de l’auteur
Martin Capistran

Martin Capistran

Avocat, docteur en droit.

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