Sorti dans les salles américaines en septembre 2020 et en DVD le 15 septembre, ce film inspiré de faits réels rend compte de la profondeur du traumatisme de la société américaine vis-à-vis de la République Islamique d’Iran depuis la prise d’otage de l’ambassade US à Téhéran.
Joué par Jim Caviezel, figure de proue du cinéma catholique et personnage principal de la Passion du Christ de Mel Gibsonn, le héros est un employé du gouvernement américain. Animateur d’un blog chrétien remarqué, il est invité au Caire par la mosquée d’Al Azhar pour parler de ce qui rapproche les deux monothéismes. Accordant une interview à une chaîne de télévision égyptienne, en direct et en prime time, il ne peut s’empêcher de prêcher sa foi, déclenchant la fureur d’une assistance chauffée à blanc. De retour dans son hôtel, il est kidnappé par des agents du Hezbollah qui le transfèrent à Baalbek au Liban, puis en Iran. Accusé d’espionnage, il est condamné à mort alors que son gouvernement ne se manifeste pas pour obtenir sa libération. Déterminée à le faire sortir de cet enfer, son épouse se rend sur place et constate de visu la réalité d’un système politique et juridique retors. Tout finit par s’arranger in extremis grâce au concours d’une petite communauté de chrétiens autochtones, laquelle vit sa foi calfeutrée comme au temps des catacombes. Cerise sur le gâteau, ces anges gardiens s’avéreront être des agents du Mossad en mission pour libérer deux de leurs agents emprisonnés avec le héros.
Tourné essentiellement à Amman, ce thriller plus religieux que géopolitique, est l’œuvre de Cyrus Nowrasteh qui n’en est pas à son premier coup. Ce chrétien pratiquant qui a réalisé « le jeune messie » en 2016 est né en 1956 dans le Colorado de parents iraniens adeptes de la religion Bahaï (qui avec 350 000 membres est la minorité religieuse non musulmane la plus importante d’Iran), considérée par le régime iranien comme une hérésie. Son père Darius a d’ailleurs par le passé connu les affres des geôles iraniennes. Le film ayant suscité l’ire de l’Iran, pays avec lequel la Jordanie est en délicatesse, le réalisateur a été contraint de travailler dans la plus grande discrétion et dans des conditions de haute sécurité. Pendant le tournage Téhéran ne s’est pas privée de manifester son mécontentement auprès d’Amman.
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À la décharge des Mollahs perfides et remplis de haine envers les Occidentaux, on pourra regretter la vision manichéenne du réalisateur militant qui signe une sorte de redite de Jamais sans ma Fille, adaptation du best-seller de Betty Mahmoody, dans le pur style américain. Des détails inutiles viennent alourdir bêtement le film à l’image de certains décors surchargés de références. On se demande notamment ce que vient faire le keffieh en damier noir et blanc suspendu au mur entre des posters de Khomeiny et de Suleimani dans la cave d’un espion iranien fourbe et charmeur, ou encore le comportement hystérique de son avocate WASP, visiblement aveuglée par son islamophilie à la sauce locale, tout comme l’extrême naïveté du personnage principal qui part se jeter dans la gueule du loup, sans se poser les bonnes questions et au mépris des recommandations de son épouse avisée.
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Dédié aux prisonniers américains dans les prisons iraniennes, Infidèle revisite certains lieux communs en jouant sur le suspens à l’Argo et la corde sensible d’un public peu au fait de la complexité d’un si lointain Orient. Le mal absolu n’est pas Daech, mais l’Iran et son art de la dissimulation. Pays où pourtant les communautés arménienne et chaldéenne jouissent d’une liberté de culte absolue. Malgré le feu des critiques, le film a pourtant été plébiscité par de nombreux spectateurs, à l’évidence emballés par l’excellente prestation des acteurs. Le film en dit davantage sur la façon dont les Américains perçoivent l’Iran que sur l’Iran lui-même. Mais le cinéma contribuant davantage à façonner les consciences et la culture populaire que les livres de géopolitique il est en lui-même un sujet d’étude.