Cet été, nous vous proposons d’entrer à l’intérieur de Conflits et de découvrir comment est conçu votre magazine. Aujourd’hui, l’enregistrement des podcasts.
Conflits a été l’un des premiers magazines à créer sa chaine de podcast : c’était en juin 2016. Cinq ans seulement, mais un autre monde à l’échelle de ce type d’émission. Rares étaient ceux qui faisaient des podcasts à l’époque et quand j’ai commencé à en enregistrer cela passait pour quelque chose de très curieux, plusieurs personnes me demandaient même pourquoi je faisais cela. Le podcast a vivoté jusqu’à fin 2018 où il y a eu un premier souffle puis, à partir de 2019, tous les médias se sont mis à en faire à tel point que c’est aujourd’hui devenu un incontournable. Sur cet aspect-là, nous avons été des pionniers.
Histoire des podcasts Conflits
À Conflits, de quelques podcasts par an nous sommes passés à un par semaine, parfois plus. Notre audience a fortement augmenté à partir de 2019. Nous sommes aujourd’hui diffusés sur l’ensemble des plateformes et l’audience moyenne est de 5 000 écoutes par émission. Nous faisons plus d’audience aujourd’hui en un mois qu’en une année en 2018.
Mais pourquoi avoir produit des podcasts en 2016 quand cela n’existait presque pas et que personne n’y croyait ? La réponse est très simple : parce que cela me plaisait. L’idée m’est venu après une émission de radio où j’étais invité. Entre la publicité, les musiques, le nombre d’invités (3 en studio et 2 en duplex), chacun avait pu parler à peine 3 minutes sur une émission de 50 minutes. Je ne trouvais pas non plus d’émission historique et géopolitique qui me convenait. J’ai donc décidé de créer la mienne, à la fois pour donner un vrai temps de parole à mes invités et aussi pour écouter des gens intéressants s’exprimer.
Cela m’a permis d’interroger les auteurs de Conflits, comme Hadrien Desuin, Tancrède Josseran, Florian Louis, mais aussi de cercle élargi comme Rémi Brague. Avec les podcasts il y avait et il y a toujours l’envie de donner la parole à des gens qui savent, qui connaissent, mais que l’on entend peu. Comme Jacques Lévy et Rémy Knafou par exemple, deux de nos grands géographes. Ou encore cette année Roland Pourtier sur le Congo.
Organisation des podcasts
Je choisis les invités en fonction des livres qui paraissent (cela donne des idées), des thèmes que j’ai envie d’explorer, des personnes avec qui j’ai envie d’échanger. La devise du podcast est un peu celle de Rabelais reprise de saint Augustin : « Aime et fais ce que tu veux ». Raison pour laquelle nous avons des émissions de géopolitique pure (sur l’histoire militaire, les conflits en Syrie et en Asie), mais aussi des sujets plus originaux, mais néanmoins très importants d’un point de vue culturel (sur le surf, Arthur Rimbaud, le chocolat ou le vin).
Le format s’est imposé d’emblée : 45 mn, soit environ le temps de transport afin qu’ils puissent être écoutés dans le train ou la voiture, ou bien en faisant la cuisine.
Pour les invités, le podcast est moins intimidant que la vidéo et beaucoup plus facile à enregistrer que l’image. Mais, et je l’ai appris à mes dépens, une image de mauvaise qualité peut se rattraper, un son jamais. Avec le temps et les erreurs, j’ai appris la base de l’ingénieur du son. Une pièce qui résonne, un bus qui passe dans la rue, un enfant qui joue dans la pièce adjacente ; des bruits qui semblent anodins mais que l’on entend ensuite lors de l’émission, avec impossibilité de retouche. Certaines émissions ont ainsi eu une mauvaise qualité sonore, ce qui est très ennuyeux pour les auditeurs, mais surtout pour l’invité.
Le matériel
J’ai changé plusieurs fois de matériel depuis 2016 pour aller vers du matériel plus mobile et de meilleure qualité. Une sacoche permet de transporter l’ensemble : micro, pieds, câbles, piles, table de mixage. Le montage du matériel est toujours un moment délicat : si les branchements sont mal effectués, le son n’est pas enregistré.
Ici la table de mixage : Zoom H6.
Durant l’enregistrement, il faut jouer avec la molette pour maintenir constant le niveau du son. L’invité peut en effet s’approcher ou s’éloigner du micro, parler plus ou moins fort. Il faut donc être à la fois attentif à la conduite de l’entretien, écouter les réponses et penser aux questions, tout en restant concentré sur la prise sonore pour éviter les trop fortes variations.
Triton audio. Un petit appareil bien utile que m’a enseigné Christophe Dickès de la chaine Storiavoce. C’est un amplificateur : il permet d’avoir un son plus concentré et plus fort et donc de meilleure qualité et de limiter la prise des sons parasites. Sans cet appareil, je dois mettre la molette à 8-9, avec lui je la place à 2-3. Le rendu sonore est nettement meilleur.
Les micros et les pieds. J’ignore la marque. C’est le matériel que j’utilise aussi pour mes émissions de radio.
Le triton branché au micro.
Un moment de plaisir et de partage
Que dire de plus ? Interroger 45 minutes durant des personnes qui ont des expériences et des savoirs spécifiques est un véritable plaisir. Seul le podcast permet cela : aucune émission de radio ne fait ce type de format, 45 minutes sans publicité, sauf peut-être sur Radio France ou des radios associatives.
Le podcast permet de faire découvrir des livres et des auteurs qui sinon seraient passés inaperçus. Ils donnent envie de lire, du moins je l’espère. Ils font découvrir des auteurs, des universitaires, des explorateurs qui ont une grande expérience de vie. Si cela est réalisé alors l’objectif est atteint. Étant donné la croissance constante de l’audience, la cible doit être touchée.
Pas de publicité, mais un soutien nécessaire
Dernier point : nous avons fait le choix de conserver les émissions en accès libre. Bien évidemment, produire a un coût. Le meilleur moyen de soutenir Conflits et donc de nous permettre de faire d’autres podcasts c’est de vous abonner et de faire connaitre la chaine à votre entourage. Le bouche-à-oreille est toujours un vecteur très puissant de diffusion. Merci pour votre soutien !