Quel est l’état de l’économie européenne au sortir de la crise du covid et du confinement ? Une étude de l’OFCE permet d’élaborer quelques pistes.
La pandémie du Covid – 19 a frappé l’ économie européenne comme jamais elle ne l’avait été depuis la crise de 1929 ou la Seconde Guerre mondiale, et a impacté de manière inégale chacun des pays européens. Ainsi le PIB a reculé au cours du 1er semestre 2020 “uniquement” de 3,7% en Finlande, mais de 13,7% en Espagne et 12,4% en France. Au-delà de ces chiffres bruts c’est la répartition sectorielle qui importe, car si l’hébergement-restauration qui a le plus souffert, représente 7% de la valeur ajoutée en Espagne, en Allemagne il ne représente que 1,5%.
Fidèle à son image, l’UE a réagi avec retard, mais a fini par faire preuve de solidarité en adaptant la facilité pour la reprise et la résilience. Dotée de 750 milliards d’euros, une manne significative, mais qui fait pâle figure aux côtés de quelque 3000 milliards de dollars envisagés par les divers plans Biden. De son côté la BCE n’a pas ménagé ses efforts en octroyant un refinancement aux banques, en procédant à des achats d’actifs. Ces différentes mesures ont ainsi fait passer le bilan de l’Eurosystème de 4700 milliards d’euros en février 2020 à 6900 milliards en décembre 2020, soit une hausse de 18% de PIB de zone euro de l’année 2019, ce qui correspond à peu près à la hausse de l’endettement de la France avec un bond de 5,8% en 2021. Mais l’économie française resterait l’une des plus impactées, sondéficit public pourrait atteindre 9,4% du PIB en 2021, contre 8,5% prévu initialement. Quelle trace laissera la pandémie sur la croissance économique française ?
Si l’on prend la période qui s’étend du quatrième trimestre 2019 à la fin 2021, on constate que sa performance devrait se situer dans une position intermédiaire. Alors que l’Espagne et l’Italie accuserait une chute du PIB de 2%, la France limiterait la casse avec -0,9%. Mais le Royaume-Uni ferait désormais mieux avec une baisse de seulement 0,2%, quand l’Allemagne parviendrait à progresser de 0,6%. Loin devant, les États-Unis afficheraient + 4, 8%.
Pour mieux appréhender l’impact direct de la pandémie, l’OCDE a également comparé sa projection actuelle du niveau du PIB au quatrième trimestre 2022 à celle qu’elle escomptait avant le début de la crise sanitaire. C’est l’Espagne qui accuse la révision la plus marquée avec -3,3%. La France subit, quant à elle, une baisse de 1,5%, contre 1,1% pour le Royaume-Uni et l’ensemble de la zone euro en moyenne. L’Italie, qui connaissait déjà une croissance molle, affiche une baisse limitée à 0,5%. L’Allemagne et les États-Unis s’en sortent le mieux, avec de légères hausses respectives de 0,1% et 0,3%. Malgré le quoi qu’il en coûte, l’économie française aura donc été durement éprouvée par la pandémie. Dans ce volume, concis et documenté divers sujets clés sont abordés, comme le marché du travail malade de la Covid 19, télétravail, impact sur les travailleurs non-salariés, différents modules de chômage partiel qui ont préservé la relation d’emploi. On trouvera également un bel article sur le Green Deal.
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Par ailleurs on sait que le vieillissement de l’Europe l’a rendu particulièrement vulnérable, puisque 95% des personnes décédées avaient plus de 60 ans. Toutes ces données sont relativement bien connues, par contre ce qui l’est moins et qui prend du temps est de mesurer les conséquences sociales (faillites d’entreprises, pertes d’emploi, entrée en pauvreté, etc.) qui pourraient être lourdes à moyen terme, appelant à un véritable bilan approfondi. On retiendra enfin la proposition avancée par l’OFCE de fusionner le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies ( ECDC) et l’ Agence européenne des médicaments (EMA), en une agence européenne unique. Finalement la crise a permis à la gouvernance européenne de progresser, ce qu’elle n’était pas parvenue à faire lors de la crise financière et de l’euro de 2008–2010. Il reste à savoir si ce sursaut sera maintenu et enrichi.