Le rôle, la place et l’influence des organisations internationales fluctuent au gré des rapports de force entre les puissances, de leurs intérêts et orientations. Si après la fin de la guerre froide, on avait cru arrivé l’ère d’or du multilatéralisme cet espoir a été déçu par l’unilatéralisme de George Bush, qui n’a pas ratifié l’ accord sur la Cour pénale internationale, puis s’est lancée , de manière unilatérale dans l’opération militaire contre l’Irak, en 2003.
Puis vint l’hiver du multilatéralisme, avec Donald Trump, pour lequel l’organisation internationale pour faire court était l’ennemi. Est-ce que l’arrivée de Joe Biden à la Maison -Blanche sonne l’heure de la renaissance du multilatéralisme et son printemps ? Il est encore trop tôt pour le dire, et Franck Petitville, ne s’y hasarde pas, faute de recul suffisant.
Mais, sa synthèse dense et précise permet de répondre indirectement à cette question centrale, même si ce n’est pas l’objet de son livre, qui est de présenter une synthèse claire, aussi complète de la question. Association d’États souverains établie par un traité international ou une convention multilatérale entre ses membres dotées de plusieurs organes qui peuvent être communs selon les organisations internationales. l’organisation internationale a également pour but de réaliser des intérêts communs afin de les protéger et de les soutenir à travers le monde et face aux autres institutions telles que les États. Leurs fonctions sont diverses. Servir d’instruments de régulation dans les domaines de leurs compétences, ce qui est déjà un vaste champ, allant de l’harmonisation des normes à leur contrôle en passant par leur établissement. Être des acteurs collectifs mieux à même de défendre les intérêts de leurs membres, alliances militaires ( OTAN, OTSC, ), associations de producteurs type OPEP, ou pléiade d’organismes régionaux. Ainsi les organisations internationales fournissent des instruments de légitimation à leurs membres, en rendant possible la gamme la plus variée d’actions collectives.
On distingue sommairement les organisations publiques, dites aussi intergouvernementales (OIG), qui émanent, et sont contrôlées, par des gouvernements de divers pays, des organisations non gouvernementales (ONG) qui émanent de personnes privées et agissantes dans divers pays, et qui, formellement ne sont pas des organisations internationales. Se comptant en milliers, avec un noyau dur d’environ 3 000 dans le monde, certaines étant fort puissantes comme Oxfam, Transparency International, ou Amnesty International, Reporters sans frontières. etc , ce sont de simples associations de droit privé, dont l’activité est internationale. Amnesty International ou encore Médecins sans frontières (MSF) en sont des exemples. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge demeure un cas hybride au statut hybride.
La Commission du droit international (CDI) définit l’organisation internationale comme « toute organisation instituée par un traité ou un autre instrument régi par le droit international et doté d’une personnalité juridique internationale propre. Une organisation internationale peut comprendre parmi ses membres des entités autres que des États ». Cette définition a été proposée par la CDI dans le cadre de ses travaux sur la responsabilité des organisations internationales. On compte actuellement plus de 350 organisations internationales contre 100 en 1950. Elles comptaient un total d’environ 200 000 fonctionnaires internationaux. Il semble réducteur de diviser les organisations « normatives », chargées d’élaborer des normes de droit international adoptées et appliquées par chaque État membre, et les opérationnelles comme une assistance technique (envoi d’experts sur place comme le fait le FMI, la Banque mondiale, les diverses banques de développement. Bon nombre remplissent ces deux fonctions et encore plus, comme le fait l’Union européenne, mais il s’agit dans son cas d’organisation internationale ou d’une Union d’États. Compte tenu de l’ampleur de la question, l’auteur ne traite en particulier que du système onusien et examine en particulier ses activités dans le domaine du développement et de la protection des droits de l’homme. Il aborde cependant bien des aspects essentiels sur les structures, l’impact, l’efficacité, et le financement des organisations internationales. Deux rendez-vous à venir la COP 26 de Glasgow et la Convention sur l’avenir de l’Europe devraient servir de test majeur sur l’efficacité de l’action multilatérale, et le multilatéralisme lui-même si abîmé par Trump, les scepticismes, les populismes, et les réflexes nationalistes, l’exemple de la pandémie l’a encore montré.