Vivier et Denoël nous emportent au cœur des tumultes de la Seconde Guerre mondiale. Martin, médecin à Strasbourg, est coupé de sa famille juive. Engagé de force dans la SS, son éthique se confronte à la réalité de la guerre, son humanité à l’inhumanité. Il s’engage alors dans une mission à haut risque : tuer Hitler.
1940. Martin est médecin à Strasbourg. Il soigne les malades avec une grande compassion et un professionnalisme que tout le monde vient chercher. Il vit heureux avec sa femme Élisabeth, juive, et leur fille de six ans, Solange. Lorsque vient la guerre et la conquête allemande, il tente de mettre à l’abri sa famille chez un tailleur parisien car, dit-on, les juifs courent un grand danger. Mais les renseignements allemands savent déjà tout de lui et de sa famille. Pris dans une manipulation infernale, Martin est envoyé comme médecin dans la SS sur le front de l’Est. Pendant qu’il se bat en Russie, à Paris, la rafle du Vel d’Hiv emporte avec elle Élisabeth, envoyée on ne sait où par les autorités. Un gendarme ami de la famille, parvient à sauver la petite fille tout en arrêtant la mère, selon les ordres. Ce pétainiste est tiraillé entre sa détestation du général de Gaulle qu’il considère comme un planqué et un traître depuis Mers-El-Kebir, l’espérance d’une action forte du maréchal Pétain qui attendrait l’entrée en guerre des États-Unis pour contre-attaquer, et son dégoût pour l’Allemagne.
Héros de guerre, Martin retourne à Paris où il apprend l’enlèvement de sa femme. Récupérant sa fille, il se lance dans une mission secrète à très haut risque : assassiner Hitler. Sa mission l’amène à s’installer sous couverture près du Berghof, chalet privé d’Hitler, à tisser un lien d’amitié avec Eva Braun, célèbre compagne du Fürher. Il découvre la société très fermée qui entoure Hitler, sa violence, sa folie. Hitler, insaisissable, se retranche dans son bunker à Berlin alors que l’armée rouge mène sa grande offensive. La mission le force à rejoindre Berlin au milieu des bombardements, là où le temps semble être arrêté, entouré des ruines d’un Empire vaincu. Il assiste même au dernier grand concert dans le cadre doré de la Philarmonie, où le Crépuscule des dieux sonne le crépuscule du Reich. Au bout de quelques jours, Eva Braun l’invite enfin à entretien avec Hitler …
Le nazisme effondré avec la mort de son Fürher, les Soviétiques désormais maîtres de ce qu’il reste de Berlin, Martin doit rentrer à Paris retrouver Solange qu’il a renvoyée là-bas. Mais les Soviétiques n’ont pas manqué de trouver ses photos dans les montagnes bavaroises…
Un personnage d’une éthique irréprochable se trouve confronté à un univers déshumanisé. L’univers du Reich, transpirant la fierté mais d’un fanatisme aveugle, conduit les hommes à la folie. Sur le front de l’Est, il découvre la violence de la guerre ainsi que le désastre qu’a provoqué le communisme dans les campagnes. Par des images poignantes, le dessinateur montre le sacrifice des villages agricoles, de la famine effroyable qui happa les Russes par familles entières. L’armée allemande arrivée, le peuple russe s’est cru libéré. Aux persécutions staliniennes ont alors succédé les exactions hitlériennes. Herr doktor nous emmène ensuite dans l’entourage d’Hitler, son chalet étincelant, le village impeccable en-contrebas. Mais les esprits sont détruits, la clairvoyance a été chassée par la propagande. Celui qui ose se dresser contre l’idéologie, critique l’ordre en place, celui-là doit être effacé, détruit, car ce n’est pas un homme. On voit s’écraser le grand rêve hitlérien sur les folies qu’il engendre. Les dessins de Berlin en ruine sont saisissants : rues saccagées, orgueilleux bâtiments dévastés, jeunesse sacrifiée. Herr doktor nous montre que celui qui reste net est celui qui reste humain.
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