Engagées en Côte d’Ivoire à la demande d’Abidjan, les troupes françaises subissent un discours anti-français émanant des autorités qui les ont appelées. Si cela fragilise la mission confiée à la France, cela témoigne aussi de l’importance du discours et de la communication dans les opérations de guerre.
Imaginons un engagement militaire français en Afrique de plus de 4 000 hommes qui durerait maintenant depuis plusieurs années. Un engagement effectué dans l’urgence, à la demande des autorités d’un pays africain, pour arrêter des groupes armés qui auraient déferlé vers leur capitale en balayant les forces armées régulières.
Envisageons que les mêmes autorités de ce pays africain aient, dans un premier temps, porté aux nues l’engagement français, mais ne finissent, au fil des mois et des années, par critiquer cette opération française jugée tantôt insuffisante, tantôt gênante de leur propre action politique et militaire nationale.
Considérons qu’au moment même où des soldats français tomberaient en garantissant par leur engagement la survie de ces autorités, pour satisfaire à des besoins de politique intérieure, ces dernières se livreraient à des actions de communication ou laisseraient se dérouler, voire encourageraient des actions de désinformation destinées à salir l’action de la France.
Si cette situation paraît familière et d’une actualité cruelle, c’est parce qu’elle n’est pas nouvelle. Il y a bientôt vingt ans, en 2002, c’est ce scénario qui s’est déroulé en Côte d’Ivoire et auquel la France a été confrontée.
Ce document se propose donc de rappeler les grandes étapes de la construction d’un discours antifrançais par les autorités ivoiriennes entre 2002 et 2004. Un rappel historique qui permettra d’éclairer la situation contemporaine.
INTRODUCTION
Un des paradoxes de la crise ivoirienne a résidé dans le fait que si c’est bien à la demande du gouvernement ivoirien que la France est intervenue militairement – le Président Gbagbo l’a affirmé plusieurs fois – ce dernier a également tenu un discours et adopté plus d’une fois une position ambiguë vis-à-vis de cette intervention. Désirée et nécessaire, effectuée dans l’urgence alors que les rebelles marchaient sur Abidjan après que les forces armées régulières eussent été défaites, cette intervention a été dès le départ mal assumée par le pouvoir ivoirien. En termes de communication, au sujet de la France et avec une cinétique extrêmement rapide de quelques mois, le pouvoir s’est raidi dans une critique toujours plus acerbe de l’action française. En deux ans, les trois étapes suivantes ont été franchies :
- un aveuglement des autorités ivoiriennes sur la situation réelle du pays et une réécriture fantasmée des évènements caractérisés par un déni de réalité quant à la performance sur le terrain des FANCI[1] et des vrais rapports de force ;
- le développement du thème de la « victoire volée » une fois la certitude acquise que l’intervention militaire française (et l’action de l’ONU) gèlerait la situation sur le terrain en permettant de sauver le régime de Laurent Gbagbo qui a ouvert la voie à la théorie dévastatrice d’une France qui aurait empêché les FANCI de vaincre les FAFN[2];
- la désignation de l’armée française en tant qu’adversaire lorsque la partition de facto du pays se fut installée dans la durée et surtout après l’échec de « l’Opération Dignité » de 2004 qui devait montrer aux yeux de tous l’incapacité des FANCI de régler par la force la situation et humilier publiquement les dirigeants politiques du pays.
Plus que dans toute autre intervention militaire contemporaine, la dimension communication de cette opération pour gagner l’adhésion des populations a été essentielle en RCI. Dans ce contexte, la France a dû faire face à une gradation dans le discours antifrançais pensée et délibérément diffusée par le pouvoir en place et qui a créé les conditions psychologiques qui ont conduit, in fine, à l’attaque le 6 novembre 2004 des positions françaises de Bouaké par deux Soukhoi Su-25 des FANCI[3].
1. L’ÉLABORATION PAR LES AUTORITÉS IVOIRIENNES D’UN DOUBLE DISCOURS POLITIQUE
Le 13 juin 2003, lors du 4e forum de l’Institut des hautes études de défense nationale, c’est sans ambiguïté que le ministre des affaires étrangères français, Dominique de Villepin affirmait qu’en « Côte d’Ivoire, la table ronde de Marcoussis[4] a évité qu’il soit mis fin au mandat présidentiel, dans un contexte qui aurait conduit à la guerre civile[5] ». Pourtant, tout en ayant affirmé en accepter les modalités, le régime ivoirien n’a cessé de critiquer les volets politiques et diplomatiques du document et de dénigrer les pays instigateurs de cet accord.
Dans cette posture, le pouvoir ivoirien a d’emblée communiqué en tenant deux discours parfaitement opposés, qu’il s’agisse du discours national ou international.
- L’élaboration d’un double discours par les autorités ivoiriennes
Dès le début de la crise, les responsables ivoiriens ont affirmé une chose à destination de leur public et affirmé autre chose à destination d’une audience internationale. Dans cet exercice, Notre Voie, le journal du Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel, a joué un rôle déterminant en démentant de façon quasi systématique le discours officiel ou n’en relayant que les éléments les plus aptes à mobiliser les militants les plus hostiles à l’application des accords de Marcoussis.
Dans ce qui a constitué une véritable stratégie de communication, l’engagement personnel du Président Gbagbo a été déterminant et mérite d’être exposé. Christian Bouquet[6] affirmait qu’avec le temps, Laurent Gbagbo : « acquit une solide réputation de duplicité, confirmée par ses déclarations contradictoires à propos de l’éligibilité de son adversaire RDR, ou par ses volte-face après Marcoussis ou Accra III[7] ». De manière plus triviale, il est vrai que la presse surnommait déjà le président Gbagbo « le boulanger[8]« , en égard à son habileté à rouler dans la farine ses interlocuteurs. Il faut admettre que Laurent Gbagbo, fondateur en 1990 du Nouvel Horizon, hebdomadaire organe du FPI, possédait une bonne expérience du mode de fonctionnement de la presse qui en faisait un communicant redoutable. Une expérience et une aptitude qui avaient certainement été sous-estimées.
Ainsi, à titre d’exemple, on peut considérer ce discours du Président Gbagbo dès le début de la crise rapporté par Le Monde : « Je n’ai pas gagné la guerre, et c’est pour cela que je dois discuter, faire des compromis. Je m’en vais dire aux Ivoiriens : je n’ai pas gagné la guerre, il faut en tirer les conséquences. Donc, je rentre faire ma part du travail pour que la paix revienne ». Pourtant cette déclaration, les Ivoiriens ne l’entendirent jamais, car à son retour à Abidjan ces paroles n’ont jamais été répétées. Au contraire, c’est une version parfaitement opposée qui a été livrée aux Ivoiriens. Les accords signés ont été présentés comme « des propositions« , comme l’expliqua alors, sans vergogne, le chef de l’État à ses partisans : « « ne vous inquiétez pas, à Marcoussis, ce qui s’est dit, ce sont des propositions« , a déclaré le président Laurent Gbagbo devant des jeunes « patriotes » qu’il a reçus à la présidence, lundi 27 janvier dans l’après-midi, à l’issue d’une troisième journée de manifestations violente dans la capitale économique du pays, à nouveau paralysée[9] ».
Ce type d’exemple peut être reproduit à l’envi. Il met en relief cette « double communication » qui a été la position permanente du Président Gbagbo et de ses partisans et dont les effets ont été lourds de conséquences. Il s’agit d’un cas parfait de l’exploitation jusqu’à l’absurde du principe d’exposition sélective à l’information : dans un univers médiatique où les communications internes et externes étaient encore relativement étanches, le pouvoir a pu s’adresser à un auditoire tout acquis à sa cause et peu perméable techniquement et intellectuellement à une influence extérieure. Un effet renforcé par une véritable campagne de terreur menée par la milice des « Patriotes » contre les médias d’opposition et une diabolisation de RFI[10] en particulier.
- L’opposition à la France comme source de légitimité politique
C’est vis-à-vis du rapport du Président Gbagbo à la France que cette façon de procéder s’est le mieux illustrée. Alors même que l’intervention française est demandée par un pouvoir aux abois, des manifestations publiques d’opposition à la France sont organisées par ce même pouvoir. Une attitude pas si inhabituelle de la part de la classe politique ivoirienne – la France étant souvent présentée comme le responsable de tous les maux du pays – mais renforcée conjoncturellement à la faveur de deux évènements :
- Le fait que Paris n’avait pas voulu admettre que la Côte d’Ivoire était victime d’une agression extérieure a été vécu par le Président Gbagbo comme un déni de légitimité de la part de la France ; mais également, à Marcoussis, le fait que les rebelles aient été promus au rang d’interlocuteurs au même titre que les autorités légales du pays a été ressenti comme un affront. D’un point de vue politique, le pouvoir s’est senti obligé de donner des gages à ses partisans et de s’affirmer face aux autorités françaises.
- La nature même des accords de Marcoussis qui ont consacré de facto un affaiblissement des prérogatives du Président de la République ivoirienne par la mise en place d’un gouvernement de réconciliation disposant des « prérogatives de l’exécutif » pour accomplir sa tâche.
Dès lors, usant d’un savoir-faire éprouvé, le pouvoir en place a développé ce double discours pour raffermir une position ébranlée. Tout en affirmant le rôle indispensable joué par la France, reconnue comme partenaire inamovible, son action est dénoncée en des termes virulents. En témoigne cet incident rapporté par Le Monde[11] début janvier 2003, prenant place entre le cessez-le-feu et le début des négociations de Marcoussis : le ministre français des Affaires étrangères alors à Abidjan est « conspué par une centaine de personnes, qui brandissent des banderoles, certaines gribouillées, la plupart impeccablement imprimées. « La Côte d’Ivoire est-elle vraiment indépendante ? » ; « Gbagbo, n’aie pas peur, le peuple est avec toi ! », y lit-on. ». Alors qu’officiellement le pouvoir annonçait une réunion de sortie de crise, la télévision (RTI) annonçait – à tort, mais sciemment – que le ministre français des Affaires étrangères venait exiger le départ du Président Gbagbo.
Le pouvoir ivoirien, dès le début de la crise se construit une légitimité interne en s’opposant à la France alors même que cette dernière garantit sa survie effective.
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2. LE PARADOXE D’UNE ACTION MILITAIRE FRANÇAISE GARANTE DE LA SURVIE DU RÉGIME, MAIS DÉNONCÉE PAR CE MÊME RÉGIME
Ce double discours politique n’a pas été sans conséquence sur la situation sur le terrain. Au fil des mois, alors que la partition du pays s’installe dans la durée et que les accords ne sont pas appliqués, un discours toxique, relayé par les médias ivoiriens décrit une réalité complètement fantaisiste, réécrivant l’histoire de la crise, survalorisant les FANCI, chauffant à blanc le nationalisme ivoirien et dénigrant la France et singulièrement la Force Licorne.
- Les FANCI : entre aventure solitaire et action solidaire
Christian Bouquet, s’attachant à décrire l’état d’esprit des militaires ivoiriens en 1999 affirmait : « Ces troupes étaient surtout composées de gradés ayant perdu dans une ancienneté oisive l’essentiel de leurs compétences. Quant aux hommes du rang, ils regardaient avec envie les autres « corps habillés », notamment leurs camarades de la police, racketter sans vergogne à chaque carrefour et s’assurer ainsi des compléments de revenus bien utiles en cette période de crise économique[12]. » Complétant ce tableau peu flatteur, Le Monde[13] dressait un bilan affligeant de l’état de l’armée ivoirienne au moment du déclenchement de la crise et qui mérite d’être cité in extenso : « Des effectifs « pléthoriques et vieillissants », un matériel roulant « en panne chronique », un armement « disparate, insuffisant et dépassé », des munitions en quantité « insuffisante » : l’état de l’armée ivoirienne est pitoyable, selon un rapport récent destiné aux parlementaires. Forte de près de 19 000 hommes, les forces armées souffrent d’un « surencadrement en sous-officiers non qualifiés ». Ils sont aussi nombreux que les militaires du rang (la proportion est de 1 pour 4 dans les armées occidentales). La situation du matériel roulant « n’est pas reluisante », avec un taux de disponibilité « inférieur à 20 % ». Sur les 50 blindés que compte l’armée de terre, il n’y en a que 3 en état de marche. L’aviation n’est pas mieux lotie : 15 des 21 avions recensés ne sont pas en état de voler. Et 29 bâtiments de la marine sur 47 sont indisponibles. En matière d’habillement, « la diversité des tenues fait disparaître les notions d’uniforme et de discipline ». » D’évidence, en 2002, les forces armées ivoiriennes n’étaient pas aptes à mener seules des actions militaires de grande ampleur face à un adversaire déterminé qui bénéficiait de l’initiative.
Malgré tout, si la France n’a pas pris à son compte les opérations militaires en lieu et place de l’armée ivoirienne, elle n’en a pas moins fourni un important soutien technique et matériel aux troupes régulières. À la demande du Président Gbagbo, dès le début des évènements, « la France a accédé à la demande la Côte d’Ivoire de lui fournir des matériels militaires. Il s’agit, pour l’instant, d’une série d’équipements logistiques moyens de transports (camions et jeeps), transmissions, radios, munitions, réparation de certains matériels et soutien alimentaire (rations de combat)[14] ». En même temps, la France a poursuivi son action d’assistance militaire technique auprès de l’armée ivoirienne « avec le soutien de 27 assistants techniques français qui, déjà avant la crise, étaient engagés dans la coopération avec les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire[15] ». Une assistance de longue haleine puisque, lors d’une interview accordée au journal Le Monde à la suite des évènements de Bouaké du 6 novembre 2004, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie confirmait : « il y a toujours des coopérants militaires français en Côte d’Ivoire. Depuis le début des évènements, ils assurent la liaison entre les militaires ivoiriens, les forces françaises et l’ONU. Je tiens à souligner que cette coopération a fonctionné à Abidjan entre les forces de sécurité ivoiriennes et les troupes françaises pour la protection et l’évacuation des ressortissants étrangers[16]. »
- Le déni de réalité
En 2002, au déclenchement de la crise, le Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, louant les qualités des FANCI, affirmait « les moyens matériels sont une chose. Mais il a aussi la combativité et la force morale, et c’est ce qui me rend optimiste[17]. » En novembre 2004, lors d’un discours à la nation, le Président Gbagbo évoquait également en ces termes l’éthique des FANCI : « l’armée régulière de Côte d’Ivoire, fondée sur les valeurs de la loyauté, du respect de la vie, n’a pas mené une guerre sale, une guerre de violation des Droits de l’Homme. J’ai exhorté nos forces de défense et de sécurité à combattre toujours en respectant le code d’honneur qui régit le métier des armes[18]. »
Ces discours pro domo relevaient plus de l’incantation ou de la volonté de se justifier a posteriori que de décrire une réalité, car bien avant la crise, les forces armées ivoiriennes n’étaient pas le modèle éthique ni l’outil de combat performant que décrivaient les responsables de l’État. Cependant, malgré les faits, au fil des jours, les militaires ivoiriens se sont évertués à nier la réalité sur le terrain. Comme l’affirmait Le Monde[19] au début de la crise alors que les médias n’étaient pas encore mis au pas par le pouvoir en place : « l’optimisme officiel se nourrit également d’une relecture irréaliste des affrontements entre loyalistes et rebelles depuis le 19 septembre [2002]. Là où l’opinion publique et la presse n’ont vu qu’une succession de défaites plus humiliantes les unes que les autres pour les forces régulières minées par les désertions et l’impéritie des officiers, la hiérarchie militaire parle au contraire de combats victorieux. » Au fil des mois et jusqu’au déclenchement, en novembre 2004, de « l’Opération Dignité« , politiques et militaires ivoiriens, réécrivant l’histoire, se sont peut-être auto-intoxiqués par ces discours, mais surtout, ils auront livré à l’opinion publique et à leurs partisans, une version complètement irréaliste des faits.
- La « victoire volée »
À la lumière de cet état de fait, on comprend mieux la déclaration en octobre 2002 d’un colonel des FANCI à la RTI : « Nous étions comme dans un match de boxe, nous menions aux points. Le cessez-le-feu a été le gong salvateur pour l’ennemi. Personnellement, je suis contre le cessez-le-feu. D’ailleurs on n’a rien signé avec les terroristes[20]. » À l’en croire, les FANCI auraient été privés d’une juste victoire alors que c’est l’action militaire française qui, bloquant l’avancée des Forces Nouvelles, a pu empêcher un effondrement total des forces régulières. En février 2004, le conseiller du Président Gbagbo, Alain Toussaint, faisant quant à lui un bilan de la situation, imputait sournoisement les échecs militaires des FANCI à la présence française qui, en procédant à l’évacuation de près de 3 500 ressortissants étrangers à Korogho et Bouaké, avait « tué dans l’œuf la première offensive des forces loyalistes pour libérer la deuxième ville du pays tombée aux mains des rebelles[21] ». Une des habitudes les moins honorables de la classe politique ivoirienne, se défausser de ses propres responsabilités sur autrui, trouvait ici une application dans le domaine militaire. C’est l’action militaire française qui aurait privé le pays d’une victoire éclatante. Le Story Telling était lancé. Dès lors, la critique de l’action militaire française devenait un des thèmes récurrents du discours martial ivoirien.
- Le bouc émissaire
La critique de la Force Licorne va dès lors crescendo. C’est la qualité du soutien français qui est d’abord critiquée : « Je ne suis pas satisfait de ce que nous a envoyé la France. C’est parce que l’aide a été insuffisante qu’on en est arrivé là où nous en sommes, jure le ministre délégué à la défense, Kadet Bertin […] La France aurait dû, elle doit faire davantage[22]. » Peu après, c’est l’action militaire française sur le terrain qui est à son tour critiquée. Dans ce contexte, la presse proche du pouvoir construit rapidement un discours d’opposition entre les troupes françaises et les FANCI. Fraternité Matin[23] – faisant preuve d’une étrange prémonition – écrit ainsi dès février 2003 : « Soldats français et ivoiriens – la cohabitation sent la poudre : une chose est sûre, les militaires ivoiriens supportent de plus en plus difficilement la présence militaire française. Sur la même longueur d’onde que Simone Gbagbo, ils voient d’un mauvais œil que la France veuille se transformer en puissance onusienne pour régler un problème qu’elle a elle-même qualifié de crise ivoiro-ivoirienne. Le vin de la difficile cohabitation entre soldats français et ivoiriens est aujourd’hui tiré. Il faudra le boire, mais il sent la poudre. » D’empêcheur de gagner, le militaire français devient l’adversaire potentiel.
La diffusion d’un double discours politique et une critique de plus en plus virulente de l’action de la France ont créé les conditions psychologiques pour rendre réceptif un public partisan aux pires thèses antifrançaises.
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3. LA CONSTRUCTION MÉDIATIQUE D’UNE FORCE FRANÇAISE ENNEMIE DE LA CÔTE D’IVOIRE
Dès lors, en poussant cette logique d’opposition à son terme, pouvoir s’en prendre directement à l’armée française finit par s’imposer naturellement au sein de l’appareil d’État. Le 6 novembre 2004, lorsque deux Soukhoï Su-25 ivoiriens bombardent une position française à Bouaké, il s’agit de de la conséquence ultime et prévisible des effets de la patiente construction médiatique d’une force française adversaire de la RCI. La foudroyante réaction française sert alors de prétexte à l’ultime radicalisation : la Force Licorne est présentée comme un ennemi.
- La désignation de l’adversaire
À mesure que l’engagement des troupes françaises et des troupes onusiennes se fait plus massif, mettant le pouvoir ivoirien à l’abri d’une offensive des FAFN, le discours critique se radicalise risquant de faire franchir un palier supplémentaire à la crise, d’autant plus que si la milice des « Patriotes » ne s’en prend pas directement à la Force Licorne, elle n’hésite pas à s’en prendre aux expatriés français. Comme le résume Stephen Smith, les militaires français sont « sur la ligne de feu, en défense avancée d’un régime dont les nervis s’en prenaient à eux à Abidjan[24]. »
La presse ivoirienne proche du pouvoir ou sous influence se fait alors un devoir de relever tout ce qui peut laisser supposer une logique d’opposition entre troupes françaises et loyalistes. Ainsi, interrogé par Notre Voie[25], le lieutenant-colonel de Cussac, porte-parole de la force Licorne reconnait que : « de temps en temps, il y a des problèmes avec les FANCI à des check points. Les ordres passent mal entre les autorités centrales d’Abidjan et certains check points, car les moyens de communication ne sont pas toujours performants. » Ce type d’incident mineur est relayé à l’envie et exagéré par les médias. Les comptes rendus dans la presse finissent par devenir alarmistes et anxiogènes comme Le Monde[26] s’en fait l’écho : « depuis une semaine, une violente campagne de presse impute à l’armée française des « manœuvres suspectes », voire un projet de coup d’État au cours duquel Laurent Gbagbo devrait être assassiné. » C’est dans cette ambiance qu’éclate la crise de novembre 2004. Deux ans après le début de la crise et malgré l’achat d’un armement conséquent, « l’Opération Dignité » déclenchée par les FANCI en violation du cessez-le-feu, ne débouche pas et se transforme en fiasco. À l’échec militaire succède l’humiliation politique du Président Gbagbo et l’effondrement du discours glorifiant les capacités recouvrées des FANCI.
Alors que les forces françaises attaquées ripostent, les discours institutionnels et journalistiques se confondent. Ainsi : « dans un communiqué publié mercredi, l’armée ivoirienne a qualifié les forces françaises d’interposition de « forces d’occupation », leur reprochant d’avoir abandonné « leur posture d’impartialité », non seulement pour avoir détruit l’aviation ivoirienne après l’attaque meurtrière d’une position française, samedi, mais aussi d’avoir forcé le passage en redescendant du Nord pour venir au secours des expatriés français à Abidjan[27]. »
À la fin de l’année 2004, on aboutit à ce paradoxe : garantissant la survie d’une Côte d’Ivoire légale, l’armée française est pourtant désignée comme l’adversaire par ce même pouvoir.
- L’armée de « pillards et de violeurs »
Au-delà de toute mesure, dès le début de la crise, les médias locaux n’ont cessé d’attiser la haine de la France et de ses soldats en n’hésitant pas à agir sur un spectre allant de l’information tronquée à la manipulation pure et simple. Dès février 2003, Le Monde[28] rapporte, alors que viennent d’avoir lieu de violentes émeutes antifrançaises, que : « depuis une semaine, la presse proche du pouvoir de Laurent Gbagbo se déchaine contre l’armée française. Des titres tels que « La France livre deux Alpha Jets aux rebelles », « L’assassinat de Gbagbo programmé avant fin février » ou, photo de Jacques Chirac à l’appui, « La recolonisation de l’Afrique au XXIe siècle » font la manchette des journaux. L’organe officiel du parti présidentiel, Notre Voie, dont le directeur de publication, Eugène Allou, est par ailleurs chef du protocole de Laurent Gbagbo, affirme que « les Ivoiriens ne doutent plus que c’est la France qui agresse la Côte d’Ivoire par rebelles interposés ». Vendredi 14 février, évoquant l’hypothèse de l’assassinat du chef de l’État par l’armée française, le même journal précisait que « ce sera tout le peuple ivoirien qu’il faudra tuer ». »
À l’été 2004, le quotidien le Nouveau Réveil estimait lui que dans les journaux affiliés au FPI[29] : « tous les incidents entre l’armée française de la Force Licorne et les populations sont gonflés à souhait pour inciter davantage les Ivoiriens à traiter les Français comme leurs ennemis ». Un constat qui aurait bien pu s’appliquer à l’ensemble de la presse ivoirienne qui par calcul, par ignorance ou par dépit attisait depuis longtemps les situations conflictuelles en surreprésentant les éléments de nature à favoriser une exacerbation des tensions. Rappelons qu’en novembre 2004, fait sans précédent, l’ONU finit par voter une résolution dénonçant les « médias de la haine » en RCI[30].
Dans cet exercice et concernant stricto sensu l’action des militaires français sur le terrain, de 2002 à 2004, 6 thèmes, classés par importance, sont alors diffusés de manière récurrente et systématiquement mis en avant par les médias ivoiriens :
- Incidents troupes française et population : dans un premier temps, ces incidents sont traités sur le mode de l’apaisement, mais à partir de l’été 2004, ces articles se multiplient évoquant complaisamment tous les incidents réels ou supposés entre la Force Licorne et les populations, mais allant dans le sens d’un sentiment de défiance de la population vis-à-vis de l’armée française[31].
- Crimes, vols commis par les troupes françaises : des vols perpétrés par des militaires français d’abord à l’agence de la BCEAO de Bouaké en septembre 2003 puis à Man en septembre 2004 servent de prétexte à une campagne de dénigrement orchestrée par la milice des « Patriotes » qui est largement relayée par la presse : Charles Blé Goudé[32] explique complaisamment qu’il s’agit d’un « odieux braquage » et étend à l’ensemble des militaires français la critique, estimant qu’ils « ont toujours été guidés par l’esprit mercantile : trafic d’or, de diamant, de cacao, d’objets d’art, d’exploitation abusive de forêt… sont devenus les principales activités desdits soldats en lieu et place de la mission de maintien de la paix, raison officielle de leur présence en Eburnie[33] » ; à partir du 6 novembre 2004, un palier est franchi avec une force française qui est ouvertement présentée comme une armée d’assassins. Il y est question « des crimes des soldats français sur de jeunes Ivoiriens aux mains nues[34] », des « atrocités commises par l’armée de voyous et de drogués de Chirac[35] », des « massacres commis par les soldats français les 6, 7, 8 et 9 novembre 2004[36] ». Des expressions telles que « exactions françaises[37] » ou « atrocités de la force Licorne[38] » deviennent courantes dans les médias.
- Incidents, affrontements entre troupes françaises et FANCI : dans un premier temps, les mentions d’incidents entre militaires français et ivoiriens sont traitées par les autorités ivoiriennes sur le mode de « l’incident isolé« . Le 25 juin 2004, un soldat des FANCI ouvre le feu sur un convoi et tue un soldat français[39]. La plupart des titres reprennent des communiqués officiels destinés à apaiser les esprits : « Communiqué des FANCI : les va-t’en guerre rappelés à l’ordre[40] », « Communiqué de presse : la Présidence condamne la mort du soldat français[41] » etc. À partir du 6 novembre 2004, le thème d’une « quasi guerre de huit jours entre Paris et Abidjan » comme le présente Le Monde[42] ou de « l’attaque de la France contre la Côte d’Ivoire » comme le décrit Fraternité Matin[43], est largement développé dans les médias ivoiriens[44].
- Partialité des troupes françaises en faveur des FAFN : en février 2004, Fraternité Matin[45] évoque l’attitude des partisans du Président Gbagbo qui accusent régulièrement la France « d’avoir soutenu la rébellion ». Au fil des mois, ce thème s’impose dans les médias. Le 19 mars 2004, le porte-parole de la Force Licorne doit intervenir, par exemple, suite à la rumeur dans la région de Yamoussoukro d’une « attaque de la rébellion et d’un soutien supposé des Français à cette entreprise[46] ». Le thème devient récurrent au fur et à mesure de la non-application des accords de désarmement et de l’installation dans la durée de la partition du pays. À chaque tension, l’accusation reparait[47].
- Incompétence, passivité des troupes françaises : thème qui illustre bien l’instrumentalisation qui a été faite de la mission de la Force Licorne. Il s’applique en particulier à un refus supposé de la Force Licorne de conduire les opérations de DDR[48], une mission qui ne lui est pourtant pas confiée. Ainsi, en mai 2004, le colonel Misset, porte-parole de la Force Licorne, répond à la presse qui fait état de reproches sur l’incapacité des « forces impartiales[49] » à « désarmer les rebelles[50] », un reproche qui devient un mantra de la milice des « Patriotes » qui en fait un instrument de mobilisation. Ainsi en octobre, le « maréchal[51] » Eugène Djué, un des meneurs de la milice des « Patriotes » organise une conférence à Yopougon[52] et déclare qu’il a créé une « brigade anti-Licorne » afin de mettre « ses éléments armés aux trousses des militaires français au cas où le désarmement ne connaitrait pas un début effectif[53]. »
- Colonisation, occupation du pays par les troupes françaises : thème mineur, mais qui ponctue le discours de certains médias : « le pays vit une guerre d’occupation, une guerre de jalousie, une guerre coloniale [menée par] la « grande France »[54]. » Il est repris par plusieurs titres en novembre 2004 : Fraternité Matin, en général plus modéré que les titres acquis au FPI, explique que « Licorne s’est presque muée en une armée d’occupation[55] », Les Échos d’Abidjan accusent les autorités françaises « d’agir comme à l’époque coloniale[56]» et Notre Voie avec son outrance habituelle, qualifie le Président Chirac de « néo-colon[57]. »
En novembre 2004, tous les éléments du narratif anti-français sont en place et rodés, avec des expressions qui vont faire flores comme celle des « manifestants aux mains nues ». Un discours qui va largement dépasser le cadre de la RCI et rapidement essaimer en Afrique francophone.
CONCLUSION
En considérant le contexte politique et médiatique dans lequel s’est déroulée à partir de 2002 l’intervention militaire française en Côte d’Ivoire, on peut relever le schéma suivant :
- l’intervention militaire française, pourtant demandée, a d’emblée été mal assumée par le pouvoir en place et a été immédiatement instrumentalisée à des fins de politique intérieure ;
- la présentation de l’intervention militaire française par les médias ivoiriens a suivi une gradation dans une dénonciation toujours plus sévère : jugée d’abord insuffisante, puis gênante de l’engagement militaire ivoirien, elle a ensuite été dénoncée comme poursuivant des objectifs propres pour être finalement décrite comme hostile au pouvoir en place ;
- une manœuvre de communication antifrançaise a été soigneusement élaborée et mise en œuvre par les autorités ivoiriennes : double discours politique, musellement des médias d’opposition ou de toute voix contestant la version officielle, dénonciation des médias internationaux (et singulièrement français) n’épousant pas la thèse officielle, construction médiatique d’un narratif présentant l’armée française comme une force d’occupation déloyale, pillarde, brutale et dans tous les cas irrespectueuse de la population et des autorités ivoiriennes.
En soi, ce rappel ne pourrait avoir qu’un intérêt historique s’il n’y avait là un schéma, des étapes et des thèmes qui accompagnent depuis 2002 toutes les interventions françaises en Afrique. On le constate – mutatis mutandis – par exemple, en Centrafrique de 2013 à 2016, lors de l’Opération Sangaris,[58] mais également, aujourd’hui, avec l’Opération Barkhane en cours au Mali. En Côte d’Ivoire, ce sont les autorités politiques qui ont désigné le soldat français comme un ennemi. Même si le French Bashing et la critique de l’action militaire et diplomatique française au Mali et dans le reste de la BSS n’ont pas encore atteint le stade où le soldat français est désigné par les autorités locales comme un ennemi, une pente est bien là si on considère par exemple que le 8 janvier 2020, le Président Ibrahim Boubacar Kéita avait dû rappeler que : « les Forces étrangères présentes dans notre pays sont nos alliés dans cette guerre tragique qui nous est imposée. Nous ne gagnerons pas cette guerre en nous trompant d’ennemi et en faisant le jeu des hordes terroristes[59]. » Plus récemment, le 15 janvier 2021, le colonel Malick Diaw, président du Conseil national de transition, qui a succédé au Président Ibrahim Boubacar Kéita a dû également désavouer dans un communiqué « de récentes déclarations contre la présence française, émanant selon lui de mouvements[60] auxquels appartiennent des membres du CNT[61] ».
Il faut considérer également que depuis 2002, l’univers médiatique a profondément changé créant des possibilités nouvelles en termes de communication et complexifiant encore la manœuvre informationnelle. Les smartphones permettent de capter et de diffuser en temps réel et des endroits les plus improbables des images, du son et du texte. Les chaînes TV d’information se sont multipliées[62] et peuvent être, comme les radios, regardées en streaming ou en podcast. L’apparition des réseaux sociaux (rappelons que Facebook est lancé en 2004 et Twitter en 2006) et leur viralité en font des plateformes économiques, capables de mobiliser un auditoire important. Tout un chacun devient le « caporal stratégique » d’un côté ou le « lanceur d’alerte » de l’autre, dont un mot ou un tweet peut faire le tour du monde et toucher un auditoire disproportionné.
Dans cet univers connecté, favorisant le temps réel et donnant la priorité à l’émotion sur l’analyse, un boulevard a également été ouvert aux opérations de désinformation. Certains États, comme la Russie, en ont fait un instrument majeur de leur Softtpower et d’autres, récemment, comme la Turquie, lui ont emboité le pas usant des mêmes méthodes. Des méthodes que le Président Emmanuel Macron a dénoncées clairement dans un entretien publié le 20 novembre 2020 dans Jeune Afrique[63] au cours duquel il a rappelé que « Il y a une stratégie à l’œuvre, menée parfois par des dirigeants africains, mais surtout par des puissances étrangères, comme la Russie ou la Turquie, qui jouent sur le ressentiment post-colonial. »
De cette période ivoirienne, les legs sont nombreux et les appropriations par ceux qui veulent nuire à l’action de la France sont courantes, par exemple, la création du « Groupe des Patriotes du Mali » appelant à une intervention russe dans le pays et qui résonne d’un écho macabre.
Si en Côte d’Ivoire, il s’est agi essentiellement d’un face-à-face franco-ivoirien, le contexte international évoluant également, l’intervention en cours dans la BSS se fait donc maintenant dans un monde qui voit les acteurs contestataires de l’action de la France, qu’ils soient institutionnels, privés ou informels, devenir plus nombreux et virulents avec des moyens accrus. C’est dans ce jeu médiatique plus complexe que les interventions françaises se font désormais et dont la maîtrise constitue une nécessité pour la réussite de notre action militaire et politique.
Un univers ingrat où parfois ceux-là mêmes qui en ont appelé à la France pour les aider, se montrent les plus critiques de son action, mais qui est loin de refléter un sentiment populaire et général en Afrique et dont les règles, mises au point il y a près de 20 ans en RCI, sont bien connues.
A lire aussi : Opération Barkhane : une mise au point nécessaire
[1] Forces armées nationales de Côte d’Ivoire.
[2] Forces armées de forces nouvelles.
[3] Une attaque délibérée d’une force armée amie qui a causé la mort de 9 soldats français et d’un citoyen américain et fait 38 blessés français.
[4] 15 au 24 janvier 2003.
[5] de VILLEPIN Dominique, « La nouvelle politique de sécurité de la France en Afrique », La politique de sécurité de la France en Afrique, sous la direction de Pierre Pascallon, l’Harmattan, Paris, 2004. p 392.
[6] BOUQUET Christian, Géopolitique de la Côte d’Ivoire, Armand Colin, Paris. p. 269.
[7] 29 et 30 juillet 2004.
[8] Cf. par exemple Fraternité Matin du mardi 19 octobre 2004 : « …la position guerrière du parti au pouvoir va contribuer à ternir encore plus l’image du chef de l’État qui est présenté comme un « boulanger » qui roule tout le monde dans la farine ».
[9] Le Monde, « Le monopole des ondes et la surchauffe nationaliste » du mercredi 5 février 2003.
[10] Dont l’assassinat, le 21 octobre 2003, du journaliste de RFI Jean Hélène constitua l’acmé.
[11] Le Monde, « Une manifestation qui n’avait rien de spontanée, selon le ministre » du lundi 6 janvier 2003.
[12] BOUQUET Christian, Géopolitique de la Côte d’Ivoire, Armand Colin, Paris. p. 12.
[13] Le Monde, « La Côte d’Ivoire demande une aide militaire à la France contre la rébellion qui s’étend dans le nord du pays » du 30 septembre 2002.
[14] Le Monde, « Paris apporte une aide militaire au pouvoir en guerre à Abidjan » du mardi 1 octobre 2002.
[15] Le Monde, « Paris apporte une aide militaire au pouvoir en guerre à Abidjan » du mardi 1 octobre 2002.
[16] Le Monde, « La crise ivoirienne – La France et la Côte d’Ivoire s’affrontent ouvertement » du mardi 16 novembre 2004.
[17] Le Monde International, « Trois questions à… Pascal Affi N’Guessan » du mardi 1er octobre 2002.
[18] Fraternité Matin du 7 novembre 2004.
[19] Le Monde « Les chefs militaires ivoiriens critiquent l’attitude de Paris et l’action des soldats français » du mardi 11 février 2003.
[20] Le Monde, « Les chefs militaires ivoiriens critiquent l’attitude de Paris et l’action des soldats français » du mardi 11 février 2003.
[21] Fraternité Matin du 2 février 2004.
[22] Le Monde « Les chefs militaires ivoiriens critiquent l’attitude de Paris et l’action des soldats français » du mardi 11 février 2003.
[23] Fraternité Matin du 9 février 2003.
[24] SMITH Stephen, « La politique d’engagement de la France à l’épreuve de la Côte d’Ivoire », Politique africaine, N° 89, mars 2003. p. 116.
[25] Notre Voie du 18 août 2004.
[26] Le Monde « Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo mobilise la rue contre la France « néocoloniale » du mercredi 19 février 2003. » du vendredi 12 novembre 2004.
[27] Le Monde « Le Président Gbagbo promet le « retour à la normale », la France envoie de nouveaux renforts à Abidjan » du vendredi 12 novembre 2004.
[28] Le Monde « Campagne de presse contre l’armée française » Stephen Smith avec, à Abidjan, Alexandre Jacquens du 19 février 2003.
[29] Le nouveau Réveil n° 791, du lundi 28 juin 2004.
[30] Résolution 1572 qui inscrit des journalistes, auteurs d’appels au meurtre ou d’incitations à la violence, sur une « liste noire » aux côtés des protagonistes politico-militaires du conflit accusés d’être les commanditaires de graves exactions ou identifiés comme « obstacles à la paix ».
[31] Exemples : Notre Voie du 20 aout 2004 : « mobilisation des populations contre les (sic) forces Licorne […] pour ce qui se passe sur le terrain » ; Fraternité Matin du 1er octobre 2004 : « les mouvements réguliers de la force Licorne suite à son redéploiement sur le territoire national suscitent la méfiance de la part des populations et des patriotes de Bonoua » ; Fraternité Matin du 13 octobre 2004 sous le titre : « Licorne une force toujours visée » explique que « dans les deux « camps », il y a des échauffourées entre la population et force Licorne » ; Le Libéral fait état le 13 octobre 2004 d’une « marche pacifique de la population de Bouaké qui a été violemment réprimée par les Casques bleus et la force Licorne » ou encore Fraternité Matin le 28 novembre 2004 qui affirme que « les Français ont fait usage de moyens tout à fait disproportionnés pour mater la « révolution » en utilisant des chars, des hélicoptères de combat, etc. pour disperser les « jeunes patriotes » aux mains nues » etc.
[32] Le leader de la milice des « Patriotes« .
[33] L’Inter du 23 septembre 2004.
[34] Notre Voie du 25 novembre 2004.
[35] Notre Voie du 1er décembre 2004.
[36] Fraternité Matin du 28 novembre 2004.
[37] Soir Info du 30 novembre 2004.
[38] Échos Matin du 1er décembre 2004.
[39] Il s’agit du canonnier de 1ère Classe Kévin ZIOLKOWSKI du 40e régiment d’artillerie de Suippes.
[40] Le Patriote du 28 juin 2004.
[41] Fraternité Matin du 28 juin 2004.
[42] Le Monde, « Enquête sur une quasi-guerre de huit jours entre Paris et Abidjan », du mardi 16 novembre 2004.
[43] Fraternité Matin du 30 novembre 2004.
[44] Exemples : L’Inter du 25 novembre 2004 évoque les « représailles de l’armée française » et la « brutalité de la réaction française » envers les FANCI ; L’Intelligent d’Abidjan du 25 novembre 2004 explique que « ces représailles se sont étendues à l’attaque des soldats loyalistes à différents corridors et ont occasionnés des morts et blessés au sein de ceux-ci » etc.
[45] Fraternité Matin du 2 février 2004.
[46] Fraternité Matin du 19 mars 2004.
[47] Exemples : ainsi, suite à une attaque de la localité de Gohitafla par les FAFN, des manifestations anti-françaises sont organisé à Abidjan, les manifestants estimant selon Notre Voie du 8 juin 2004 « que l’ONUCI et les soldats français sont de mèche avec les rebelles » ; le 11 juin 2004, Notre Voie explique que le meneur de la milice des « Patriotes« , Charles Blé Goudé, organise une manifestation devant le 43e BIMa pour « dénoncer la collusion de la France avec la rébellion armée » ; L’Inter du 1er décembre 2004 publie les propos du président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly qui affirme que les autorités françaises et burkinabè « ont conclu un deal [sic] pour soutenir le processus de libération de la Côte d’Ivoire » et que c’est la raison pour laquelle la France a « neutralisé et freiné l’avance des forces ivoiriennes » etc.
[48] Désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants.
[49] Force Licorne + ONUCI.
[50] Fraternité Matin du 25 mai 2004.
[51] Charles Blé Goudé étant déjà le « général de la rue » ou le « général de la jeunesse« , par concurrence, il s’affuble de la distinction de « maréchal » tant qu’à faire.
[52] Quartier périphérique d’Abidjan particulièrement acquis au FPI.
[53] Fraternité Matin du 19 octobre 2004.
[54] Notre Voie du 20 aout 2004.
[55] Fraternité Matin du 28 novembre 2004.
[56] Les Échos d’Abidjan du 1er décembre 2004.
[57] Notre Voie du 1er décembre 2004.
[58] Et même bien après la fin de l’Opération Sangaris.
[59] https://www.rti.ci/info/afrique/26128/mali-des-manifestants-reclament-le-depart-des-troupes-etrangeres
[60] Adama Diarra dit ” Ben le cerveau”, membre du CNT et issu du Mouvement démocratique populaire du Mali (MDP) ayant participé aux manifestations du M5-RFP, venait d’entamer une campagne antifrançaise et projetait d’organiser une manifestation contre la présence des militaires français au Mali.
[61] https://www.voaafrique.com/a/mali-le-colonel-malick-diaw-hausse-le-ton-contre-les-propos-anti-barkhane/5739309.html
[62] France 24 est créée en 2005 par exemple.
[63] https://www.jeuneafrique.com/1076943/politique/exclusif-emmanuel-macron-entre-la-france-et-lafrique-ce-doit-etre-une-histoire-damour/