<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Enjeux géopolitiques autour de la Biélorussie

14 octobre 2020

Temps de lecture : 10 minutes

Photo : Le président biélorusse Alexandre Loukachenko en uniforme militaire assiste à la cérémonie de prestation de serment des représentants de diverses branches du service militaire biélorusse (c) Sipa 00982732_000007

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Enjeux géopolitiques autour de la Biélorussie

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Si la politique des États s’explique par la géographie, c’est bien le cas de la Biélorussie, grande plaine plate, qui s’étale sur 207 600 km², sorte de portail par lequel sont passées toutes les invasions venant d’Europe en direction de la Russie. Si peu de Français peuvent situer ce pays dans leur carte mentale, tous se souviennent de la Berezina, qui s’y trouve. Durant des siècles, le territoire et la population de ce qui constitue la Biélorussie ont été ballotés entre l’Est et l’Ouest, mots qui ont une signification à la fois culturelle, religieuse et politique, c’est là d’ailleurs que Samuel Huntington a placé la frontière entre mondes européen, catholique et orthodoxe oriental. (Le pays est orthodoxe à 80%).

Voilà que les élections du 9 août dernier, qui devaient accorder sans trop de heurts son sixième mandat présidentiel à Alexandre Loukachenko, entaché de graves entorses, ont braqué l’attention internationale, au premier chef l’Européenne, sur le destin géopolitique de ce pays, à la recherche de son identité. Car l’histoire de la Biélorussie a presque toujours été placée sous le sceau du drame et des déchirements. Intégrée en 1569 dans le Grand-duché de Lituanie et de la royauté de Pologne, incorporée progressivement entre 1772 et 1808 dans l’empire russe, surtout en 1795, après le troisième partage de la Pologne, après avoir été reprise partiellement par la Pologne en vertu du Traité de Riga (18 mars 1921) la Biélorussie a rejoint l’URSS lors de la fondation de cette dernière en 1922. De 1941 à 1944, le pays a été fortement affecté par l’invasion nazie. Couvert de forêts à près de 40% de son territoire, s’y sont développées d’actives opérations de résistances, du fait de la destruction de la majorité des villes et des villages. Aussi la Biélorussie a été en proportion de sa population, le territoire ayant eu le plus de victimes lors de la « Grande guerre patriotique », avec 1,7 à 2 millions de victimes civiles, auxquelles s’ajoutent 600 000 soldats, soit plus du quart de la population totale, actuellement de 9,5 millions. Souvenir d’ailleurs savamment entretenu par Alexandre Loukachenko. L’importante population juive, 800 000 personnes, est presque entièrement décimée par les Einsatzgruppen. C’est pour cet héroïsme que Staline l’a récompensée en lui faisant octroyer un siège à l’ONU. Mitoyen de l’Ukraine, le pays a subi les plus graves retombées de Tchernobyl, en avril 1986 : 23% de son territoire a été contaminé.

Le pays accède à l’indépendance le 25 août 1991. Des élections libres ont porté le 10 juillet 1994, Alexandre Loukachenko (né en 1954) au pouvoir, avec près de 80% des voix. Depuis, ayant accaparé tous les pouvoirs, et décimé pratiquement tout semblant d’opposition, celui que Condoleeza Rice a appelé le « dernier dictateur d’Europe », après avoir modifié la Constitution, lui donnant toute latitude pour se faire constamment réélire, l’a été en 2001, 2006, 2010, 2015, jusqu’au 9 août avec des scores se situant toujours au-dessus de 80%, sauf le 11 septembre 2001, lorsqu’il l’emporta qu’avec 75,6% des voix. C’est certainement parce qu’il voulait démontrer à la face du monde qu’il restait populaire et aimé de son peuple que « batka », le petit père, lui-même orphelin de père, s’est attribué 80,8% des suffrages, déclenchant une nouvelle vague des protestations qui n’a cessé d’enfler.

La Biélorussie :  vestige de l’Union soviétique, dernière république socialiste soviétique

État mono-ethnique, qui présente peu de diversité ; il n’a pas de véritables partis politiques, de médias indépendants, d’oligarques, de super-riches. Il est encore très soviétique, le nom du KGB a été maintenu, il y a même des commissaires politiques dans les entreprises. Mais, alors que les Soviétiques ont toujours été dirigés par le parti communiste, Loukachenko lui n’a pas de parti. Il a mis en place une verticale du pouvoir s’appuyant sur des comités exécutifs municipaux, provinciaux et régionaux. Le pays s’est redressé assez rapidement après l’effondrement général de 1991. Il n’a pas perdu ses capacités de production industrielle et agricole, ne connaît que modérément la corruption, est d’une propreté et d’une stabilité exemplaires. Le pouvoir de l’autocrate a longtemps reposé sur ce contrat social visant à assurer à la population, outre la stabilité et la sécurité, un niveau de vie certes bas, mais meilleur que dans les autres pays ex-soviétiques à l’exception de la Russie et du Kazakhstan. Il a conduit son pays depuis 26 ans comme un directeur de sovkhoze, un chef d’entreprise paternaliste. Est-ce une véritable dictature totalitaire à la nord-coréenne ou simplement un pouvoir autoritaire ? Paternaliste, étatiste, il serait plutôt du type « dictature blanda » dictature molle, comme on disait en Amérique latine. L’internet est libre, une certaine presse d’opposition a été tolérée, les allers et sorties du pays sont restés libres. Pourtant, depuis 1996, le pays a été privé de son statut d’invité spécial au Conseil de l’Europe, étant le seul pays ayant maintenu la peine de mort (la Russie l’ayant suspendue).

 Le jeu polonais à peine dissimulé

La Biélorussie a été longtemps liée à la Rzeczpospolita. On compte près de 400 000 Polonais dans le pays, surtout à l’ouest dans la région de Grodno qui fut polonaise de 1919 à 1939. Après les élections présidentielles de 2006, considérées par l’UE comme entachées d’irrégularités, la Pologne avait offert des bourses en vue d’accueillir les étudiants expulsés de l’Université. Elle a créé une chaîne de télévision Belsat qui émet depuis Varsovie des programmes en direction de la Biélorussie. Cette politique orientale repose toujours sur la doctrine ULB : Ukraine, Lituanie, Biélorussie, développées durant les années 1950 dans les milieux de réfugiés politiques établis en Occident, particulièrement nombreux aux États-Unis et au Canada. Contrairement aux nationalistes qui n’avaient jamais fait le deuil de la perte de territoires polonais après 1945 au profit  de l’Ukraine, de la Lituanie et de la Biélorussie (« ULB »), les tenants de cette approche plus subtile et réaliste n’ont jamais cessé  d’estimer que le meilleur moyen de contrer les visées impérialistes de la Russie, dont ils dénoncent la résurgence depuis les événements ukrainiens de 2014, est d’œuvrer pour une indépendance accrue de ces pays vis-à-vis de Moscou. D’où leur trident : démocratisation, économie de marché et rapprochement avec l’Ouest. Cette politique s’est en partie traduite dans les faits : soutien à la révolution orange en Ukraine en 2004, partenariat oriental en 2009, puis aide officielle ou souterraine à Maïdan en 2014. C’est bien dans cette direction que la Pologne et accessoirement la Lituanie où Svetlana Tikhanovskaïa a trouvé refuge et mène avec une habileté consommée sa campagne anti Loukachenko, veulent attirer l’UE, qui partage plus de 1 000 km de frontières avec la Biélorussie, en lui demandant d’accentuer encore ses sanctions à l’encontre du régime, et d’opposer une ligne plus dure face à la Russie quitte à remettre en cause tout dialogue avec cette dernière.

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Les intérêts stratégiques russes sont réels et puissants

Dès 1996, Loukachenko a signé avec Eltsine un accord créant l’Union Russie Bélarus, qui se voulait plus qu’une simple union douanière, afin d’attirer les investissements russes. En 1999 un traité donnant naissance à cette entité a été signé, instituant un poste de secrétaire général dénué de vrais pouvoirs et prévoyant l’instauration d’une monnaie commune, le rouble russe. Vue de Minsk, cette association était le présage à la construction d’une nouvelle URSS. Alexandre Loukachenko s’est mis à cultiver les plus hautes ambitions se voyant même succéder à Boris Eltsine au Kremlin. L’arrivée de Vladimir Poutine a rapidement ruiné ses espoirs et les relations entre les deux hommes, malgré leur passion commune pour le hockey sur glace, se sont dégradées. En 2003, Vladimir Poutine est allé même jusqu’à proposer d’intégrer tout bonnement la Biélorussie à la Fédération de Russie, sous la forme de six oblasts (régions) qui se seraient ajoutés aux 85 sujets (ils sont 87 aujourd’hui avec la Crimée et Sébastopol) de la Fédération. D’où la rage de Loukachenko, « même Lénine ou Staline ne voulaient démembrer la Biélorussie », et le surcroît de légitimité qu’il en a tirés en prenant la posture du seul homme capable de résister aux appétits de son puissant voisin. C’est ce curieux tango entre les deux hommes qui éclaire la situation actuelle, sorte de jeu du chat et de la souris, dont on verra qui sortira vainqueur.

Au-delà de la personnalité de Loukachenko, qui a fini par admettre lui-même bien tardivement qu’il est resté trop longtemps au pouvoir, et qui finira par quitter la scène à plus ou moins brève échéance, ce sont les intérêts géopolitiques permanents de la Russie qu’il convient de prendre en compte. Elle entretient au moins deux objectifs militaires stratégiques de premier plan. L’un d’eux permet de suivre les missiles au-dessus de toute l’Europe, surtout depuis l’installation en Europe du système antimissile américain. Moscou déploie près de Lida, dans la région de Hrodna, un régiment de chasse, dans le cadre d’un système commun de défense, bien que Loukachenko n’ait cessé de déclarer que son pays n’avait aucune intention d’accueillir une base militaire russe sur son territoire. Les deux pays se livrent régulièrement à des manœuvres militaires communes comme ce fut le cas de « Zapad 2017 », visant à contrecarrer les tentatives de déstabilisation sur le sol biélorusse, en provenance de l’UE et de l’OTAN. Pourtant, Minsk n’a pas reconnu l’incorporation de la Crimée à la Russie.

La production industrielle de tracteurs, pneus et mécanique biélorusse trouve ses débouchés en Russie, comme d’ailleurs 51% des exportations biélorusses. C’est grâce aux prix bas du pétrole et du gaz russe (vendus selon les époques au tiers ou à la moitié des cours mondiaux). Depuis les sanctions de l’UE et les contremesures russes, la Biélorussie qui n’a pas suivi la Russie sur cette voie est devenue l’un des principaux producteurs de crevettes au monde… sans aucune mer ! Il en est de même pour des fruits, des légumes, de la viande et des fromages en provenant de l’Ouest qu’elle réachemine vers la Russie. Loukachenko vient de le reconnaître publiquement en répondant aux menaces de sanctions de la Pologne et de la Lituanie. Lui qui niait jusqu’à présent cette contrebande que les Russes faisaient semblant de ne pas voir, a menacé les deux voisins d’appliquer aussi des sanctions. Au total les diffuses formes d’aide directes ou indirectes octroyées chaque année par la Russie s’élèvent à 3 milliards de $ soit le quart du budget de l’État et Vladimir Poutine a prévu une rallonge de 1,3 milliard d’euros en accueillant Loukachenko à Sotchi le 14 septembre.

Les limites de la politique de bascule

L’autocrate pensait pouvoir jouer la Russie et les Occidentaux il avait quelque peu redoré son blason en libérant des prisonniers politiques et surtout en accueillant les pourparlers de Minsk à propos de l’Ukraine ce qui a conduit l’UE à lever ses sanctions. En février 2020, il recevait Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, pour lui promettre de raffiner et d’acheter le pétrole américain. Il cherchait à se mettre en meilleure position pour marchander avec les Russes, dont l’économie de son pays dépend à 50 %. Mais il commettait une double erreur : il agaçait le Kremlin et renforçait auprès de ce dernier certains oligarques russes avec lesquels il était en délicatesse. Ses marchandages permanents sur le gaz et le pétrole ont fini par agacer le Kremlin qui aimerait sans doute progresser dans la voie de la confédération pour consolider ses positions stratégiques, favoriser des réformes et des privatisations. Le pays possède deux grandes raffineries, à Mozyr et à Novopolotsk. Mais   certains oligarques russes pas entièrement satisfaits ont créé une société intermédiaire basée en Lituanie ; qui achète le gaz russe et le revend. Les paiements biélorusses sont redirigés à l’étranger vers les comptes bancaires offshore. Aussi Gazprom a augmenté le prix du pétrole livré aux raffineries biélorusses jusqu’à le facturer plus qu’à l’Ukraine, afin de ne pas être trop lésée à ce jeu.

Le président russe, un moment interloqué par la tournure des événements a déclaré qu’il avait accédé à la demande de Loukachenko de respecter les termes de l’accord d’aide mutuelle et avait mobilisé en réserve des forces de maintien de l’ordre qui interviendraient au cas où des bâtiments administratifs étaient pris d’assaut. Des journalistes et des conseillers russes ont été envoyés à Minsk, ce qui a fait dire à certains commentateurs que l’on était aux prises avec une intervention hybride. Au-delà de ces soubresauts, le président russe a résumé le scénario qui semble souhaitable : une réforme constitutionnelle (dont Loukachenko parle depuis plus d’un an) un referendum puis des élections législatives et enfin de nouvelles élections présidentielles sur la base de la nouvelle Constitution.  Ce serait évidemment une façon de gagner encore un à deux ans. L’opposition s’en tient évidemment au scénario inverse. Reste évidemment la question éminemment délicate des résultats exacts du scrutin du 9 août, bien difficiles à fixer avec précision du fait de l’inexistence d’organismes de sondages indépendants. On dit que l’opposition a refusé le recomptage des voix, opération peu crédible, car bien des traces du vote ont été effacées. La grande erreur, preuve de son total isolement, Loukachenko s’est octroyé, pour ne pas déchoir son score habituel, de 80%. Il aurait pu dessiner le chiffre de 57% a déclaré Valeri Tsepkalo, diplomate de carrière, qui s’est réfugié en juillet en Pologne :  c’est ce monstrueux mensonge qui a poussé les Biélorusses dans la rue. L’Union européenne, la France et l’Allemagne se sont rangées carrément du côté de l’opposition au régime de Loukachenko, dont ils espèrent voir la fin imminente. Ce faisant l’Union défend ses valeurs traditionnelles ce qui représente sa raison d’être. Élections libres et ouvertes sous contrôle international neutre et impartial ; respect de droits de l’homme, libération de tous les prisonniers politiques, constitution d’une véritable société civile, et instauration d’une économie de marché, défense de l’identité culturelle, linguistique, libre choix de ses partenaires. Savoir si ces principes et valeurs pourront rapidement et entièrement être mis en œuvre en Biélorussie relève évidemment, autant du pari que de l’espoir. Espoir de voir un jour proche la Biélorussie sortir du giron russe et constituer un pont entre l’Union européenne et la Russie. Un rôle un peu identique à celui que voulait jouer la Tchécoslovaquie de Benes et de Masaryk avant le coup de Prague de février 1948.

La Tchécoslovaquie, dotée d’un puissant parti communiste, amie de l’URSS, était désireuse de recevoir à l’époque l’aide du plan Marshall. Staline la remit au pas, et on entra dans le « dur » de la guerre froide avec le blocus de Berlin et le déclenchement de la guerre de Corée.

Peut-on, toutes proportions gardées et avec toutes les réserves d’usage, éviter qu’un tel scénario, certes moins dramatique, se reproduise à nouveau ? Tel est, à mes yeux, le véritable dilemme qui se pose aux principaux responsables européens, les plus intéressés et les plus impliqués dans l’affaire biélorusse. Ou bien l’Europe cherchera à attirer la nouvelle Biélorussie dans son orbite, un objectif poursuivi avec un certain acharnement, on l’a vu par la Pologne et autres forces, au risque d’aggraver les tensions avec la Russie. Ou bien la voie du dialogue, de l’apaisement, du compromis prévaudra, quitte à préciser le rôle de la Biélorussie nouvelle en tant qu’associé spécial de l’UE, tout en étant membre de l’Union économique eurasiatique afin de ne pas rééditer les erreurs commises à propos de l’Ukraine en novembre 2013. Un tel scénario rose n’est certainement guère probable, dans l’immédiat, mais est-il impossible ? En tout cas, il convient de le tenter, car si on parvenait à esquisser un futur partagé pour la Biélorussie ce serait une première pierre des fondations de la future architecture de la sécurité européenne, un horizon sans cesse poursuivi et qui s’éloigne toujours plus. Moscou, a déjà dû se résoudre à l’élargissement de l’OTAN qui campe à ses frontières, scénario qui n’avait été guère envisagé en 1990, lors des discussions sur la réunification allemande, et que George Kennan, le père de la doctrine de l’endiguement avait vertement critiqué. La Russie ne peut pas laisser lui échapper cet indocile voisin, car l’union avec la Biélorussie est pour elle un atout stratégique vital.

Le pays dispose de matériel militaire russe de dernière génération et d’une nouvelle centrale nucléaire russe à Astraviets que Moscou ne peut pas laisser entrer des mains peu amicales. La Russie a besoin de pouvoir accéder au corridor terrestre ente le Dniepr et la Dvina, passage stratégique pour ses hydrocarbures et axe majeur de la nouvelle route de la soie. Moscou doit enfin s’assurer d’être proche de la trouée de Suwalki qui sépare l’enclave russe de Kaliningrad de la Biélorussie de quelque 60 km, où elle a massé 10 000 soldats, des systèmes anti aériens S- 400, ainsi que des missiles Iskander capables de porter des têtes nucléaires. Moscou ne peut que soutenir le président actuel et s’employer à apaiser la situation, le temps que les Biélorusses lui trouvent un successeur amical. Est- ce encore possible ? On s’orienterait alors peut-être vers un scénario similaire à celui qu’a connu l’Arménie en 2018, le Haut-Karabakh en moins ! Dans le cas contraire, la question biélorusse viendrait alourdir encore le contentieux avec l’Europe et les États-Unis et renverrait toute détente à des jours meilleurs.

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Photo : Le président biélorusse Alexandre Loukachenko en uniforme militaire assiste à la cérémonie de prestation de serment des représentants de diverses branches du service militaire biélorusse (c) Sipa 00982732_000007

À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.

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