[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 4 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
« Tout est faux et pourtant tout est vrai. » Suite à la rocambolesque chute de Bo Xilaï, l’idée d’écrire un polar géopolitique est venue à l’esprit de Philippe Dessertine. Dans cet étonnant huis clos dramatique, le médiatique professeur d’économie réalise là une géopolitique fiction très réussie.
Le 6 février 2012, un membre éminent de la police de Chongdu se rend en catimini au consulat des États-Unis pour y faire des révélations capitales. La tension monte autour du consulat et une cellule de crise se met en place à Washington et à Pékin. Face à la tension qui monte, l’orgueilleuse diplomatie chinoise se révèle subtile et enveloppante tandis que la diplomatie américaine, envahie par la technologie, oscille entre grandeur d’âme et renoncement.
Vu de l’intérieur par une jeune diplomate idéaliste, le livre est tourné comme un film d’espionnage. Mais la fiction est d’autant plus captivante qu’elle apprend beaucoup sur le très obscur Parti communiste chinois. C’est une plongée au cœur de la rivalité entre les Tuanpai, anciens membres de la « ligue de la jeunesse » regroupés derrière Hu Jintao et Wen Jiabao, et les princelings, princes rouges et gardiens du temple dont font partie Xi Xiping et Bo Xilai. En arrière-plan se tiennent Jiang Zemin et Zeng Qinhong et la clique de Shanghai.
Côté américain, le tableau dressé est saisissant : oreillettes et micros à l’appui, le Département d’État téléguide ses diplomates à coup de visio-conférence. De sorte que la négociation apparaît plus difficile avec leurs supérieurs hiérarchiques qu’avec leurs interlocuteurs chinois. La psychologie des personnages, le travail de recherche sur les réseaux chinois et enfin le questionnement traditionnel entre la fidélité nouée avec le partenaire diplomatique et les intérêts supérieurs de la Nation donnent à ce thriller un réalisme inattendu.
H.D.
Le Gué du tigre, Philippe Dessertine, Paris, mars 2014 (novembre 2012 aux Éditions Anne Carrère), Éditions J’ai lu, 261 pages, 8 euros.
Crédit photo : DR
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