<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Entre Asie et Europe, entre Russie et Amérique

12 janvier 2020

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Photo : La steppe, le cœur de l'Eurasie (c) Pixabay

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Entre Asie et Europe, entre Russie et Amérique

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L’étymologie pose plus de questions qu’elle n’en résout. Europe et Asie comme la chimère est lion et chèvre, l’Eurasie est-elle l’addition des deux continents ? Ou bien constitue-t-elle un « troisième monde » différent des deux autres ? Faut-il l’identifier au heartland des géopoliticiens, le centre du continent ? Ou faut-il lui préférer une « Europe de l’Atlantique à l’Oural » et appeler au regroupement des peuples européens ? Tant de conceptions diverses alimentent une crainte : et si l’Eurasie n’était qu’une chimère ?

Pour savoir ce qu’est l’Eurasie, il faut commencer par clarifier ce qu’est l’Europe, ce qu’est l’Asie et où se situe la limite géographique entre les deux continents. La réponse tombe sèchement : nulle part, car cette frontière n’existe pas. Les cartes sont catégoriques : Asie et Europe font partie de la même plaque tectonique qui ne laisse à l’écart que des marges excentrées, les péninsules arabique et indienne ainsi que l’Est de la Sibérie. C’est d’ailleurs pour désigner cette plaque que le géographe autrichien Eduard Suess invente le terme d’Eurasie en 1885.

Que l’Oural ait été choisi comme limite officielle entre Europe et Asie, nous le devons à Pierre le Grand. Il regardait vers l’ouest, il a transféré sa capitale à Saint-Pétersbourg sur la Baltique, il a voulu européaniser son pays. « La géographie, cela sert à faire la guerre » selon la célèbre formule d’Yves Lacoste, cela sert aussi à justifier la politique. C’est pourquoi le géographe du tsar, Vassili Tatichtchev, inventa la « frontière » de l’Oural. Cette montagne ancienne aux sommets érodés ne constitue en rien une ligne de force. Aux yeux de Pierre, elle n’a qu’un mérite : elle place en Europe la partie la plus peuplée et la plus active de la Russie, son ancienne capitale, Moscou, comme sa nouvelle. L’Oural fait de son pays une nation européenne, du moins plus européenne qu’asiatique. Autant dire que l’Oural n’est qu’un monticule instrumentalisé au profit des ambitions du tsar – ce n’est pas la seule opération de manipulation que nous rencontrerons.

 

L’Eurasie vue de Paris

Il n’y a pas de coupure nette entre Europe et Asie comparable à celle que l’Atlantique trace entre Europe et Amérique. En ce sens l’Eurasie existe. Mais quelle Eurasie ?

Évacuons d’abord ce que l’étymologie suggère pourtant : l’Eurasie serait constituée de l’Europe et de l’Asie, un ensemble de 5 milliards d’habitants, les trois quarts de la population mondiale, et d’une centaine de pays. C’est trop est-on tenté de dire. On voit mal ce que la géopolitique peut faire d’un patchwork si pesant et si compliqué. La « Grande Eurasie », appelons-la ainsi, n’est pas un objet d’étude pertinent, encore moins un acteur potentiel de la géopolitique mondiale.

À une échelle plus fine, le général De Gaulle parlait d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural » ce qui signifiait concrètement jusqu’au Pacifique. Si le mot Eurasie n’est pas employé, l’ensemble qu’il désigne se confond largement avec la plaque eurasiatique identifiée par Eduard Suess. Il correspond à une communauté de civilisation qui remonte au christianisme et auparavant à la Grèce et à Rome, même si ces deux composantes se mêlent différemment à l’ouest, plus latin, et à l’est plus hellène. S’y ajoutait aux yeux de De Gaulle une convergence d’intérêts face aux États-Unis. Espérait-il prolonger l’axe Paris-Bonn jusqu’à Moscou ? Les divergences politiques de l’époque rendaient improbable ce projet que d’ailleurs les Soviétiques ont tenté (eux aussi) d’instrumentaliser.

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L’idée réapparaît logiquement lors de la chute de l’URSS. C’est alors que François Mitterrand avance le projet ambitieux d’une Confédération européenne étendue à la Russie. L’idée avorte aussitôt, sabordée par les États-Unis et par leurs alliés européens dont le tchèque Vaclav Havel. Peu après son élection, Jacques Chirac reprend la même idée et évoque une transformation de l’OSCE [simple_tooltip content=’OSCE : Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.’](1)[/simple_tooltip] en « organisation de l’Europe continentale, gage de paix et de sécurité pour tous ses peuples » (31 août 1995). Lors de la guerre d’Iraq, en 2002, l’idée d’un axe Paris-Berlin-Moscou est avancée ; les trois capitales s’accordent pour refuser l’intervention américaine, mais ce bref rapprochement ne survivra pas aux changements de majorité en France et en Allemagne. Dès 2009, Nicolas Sarkozy opère un tournant à 180 degrés et réintègre la France dans l’OTAN.

C’est que les États-Unis continuent à percevoir la Russie comme un adversaire et ne veulent pas entendre parler d’une « grande Europe » qui l’engloberait ; une bonne partie des pays européens s’alignent par solidarité atlantiste (le Royaume-Uni), par attachement aux droits de l’homme (les pays scandinaves) ou par méfiance atavique envers Moscou (la Pologne).

 

L’Eurasie des Eurasistes

Les intellectuels russes nourrissent une conception toute différente de l’Eurasie. Le mouvement eurasiste a atteint son apogée dans l’entre-deux-guerres au sein des Russes blancs réfugiés à Paris ou à Prague. Il connaît aujourd’hui un certain regain autour d’intellectuels comme Alexandre Guelievitch Douguine. Ni Europe ni Asie, l’Eurasie constitue à leurs yeux un « troisième continent ».

À leurs yeux, le cœur vivant en est la steppe qui s’étend de la Mongolie jusqu’en Ukraine. D’abord traversée par un mouvement de conquête d’est en ouest mené par les Turcs, puis par les Mongols, elle est unifiée à partir du XVIe siècle par les Russes qui la parcourent en sens inverse. Tout en étant leur exact contraire, l’Eurasie ressemble aux océans ; elle peut être facilement parcourue et n’offre pas plus d’obstacles aux raids des cavaliers que la mer n’en oppose aux navires des pirates ; elle est facile à contrôler à condition d’occuper les points de passage obligé ; elle autorise des échanges intenses entre les rives qui la bordent et qui sont densément peuplées à l’ouest (l’Europe), à l’est (la Chine) et au sud (l’Inde et le Proche-Orient). Elle fait naître une société originale d’éleveurs nomades et conquérants qui tirent le meilleur parti possible de ses maigres ressources et qui, pour acquérir le surplus, se déversent régulièrement sur les grands foyers de civilisations qui la bordent.

On pourra se demander quel rapport existe entre la Russie, ses forêts et ses paysans, et les nomades surgis de la steppe qui viennent les soumettre et les piller. L’historiographie officielle fait de la modeste bataille de Kulikovo en 1380 l’acte de la naissance de la Russie moscovite : pour la première fois, elle résiste aux Tatars, ces Turco-Mongols islamisés qui l’avait soumise.

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Les Eurasistes récusent une telle vision des choses. Ils insistent sur l’apport du sang asiatique au fond ethnique russe – ce métissage distinguerait les Russes des autres Slaves selon eux. Ils rappellent que les princes de Moscou ont grandi à l’ombre des Mongols dont ils furent longtemps les sujets fidèles. Ils notent que les Tatars furent assimilés à l’Empire auxquels ils fournirent, paraît-il, jusqu’au tiers de sa noblesse. En fait, ils accordent la priorité aux origines asiatiques de l’Eurasie : « L’exode vers l’Orient, c’est un retour sur soi » selon l’un de leurs principaux penseurs, Piotr Savickij.

 

Eurasie = Russie ?

On peut parler d’une instrumentalisation à rebours de celle opérée autrefois par Pierre le Grand ; le tsar voulait démontrer le caractère européen de la Russie ; les Eurasistes entendent prouver le caractère irréductible de leur pays et c’est à cela que sert l’Eurasie – on retrouve ici un écho des débats qui ont déchiré le pays au XIXe siècle entre occidentalisants et slavophiles. Les Eurasistes sont même plus radicaux que les slavophiles car ils établissent une nette différence entre les Russes et la plupart des autres Slaves ; ils se sentent en particulier très différents des Polonais catholiques. Ils prétendent se tenir à égale distance de l’Europe et de l’Asie, mais de fait leur cœur penche en faveur de la seconde.

À leurs yeux c’est la Russie qui construit l’Eurasie. Autant dire que les Eurasistes ont tendance à confondre les deux termes. Cette Russie-Eurasie constitue d’abord un espace, un paysage, l’empire des terres inscrit dans des frontières qui correspondent peu ou prou à celles de l’URSS – ils y incluraient volontiers la Mongolie et le Turkestan chinois.

Ce faisant, ils confirment que la Russie est le pays le plus géopolitique de la planète : elle s’identifie à un territoire qui la différencie des autres nations. L’identité de l’Eurasie n’est pas fondée sur le sang, mais sur le sol, affirme Alexandre Douguine. Et aussi sur la foi d’un peuple qui n’a ni oublié ni pardonné le sac de Constantinople par les Latins en 1204. Les Eurasistes russes d’hier et d’aujourd’hui sont des orthodoxes persuadés que les contraintes de la nature forge la grandeur de leur nation. Tel le croyant qui fait son salut en s’humiliant et qui s’approche de l’infini d’autant plus qu’il se rabaisse, la sainte Russie supporte le froid, la sécheresse, la pauvreté des sols du grand Nord et l’immensité comme autant de conséquences du péché originel. Mais ce sont ces faiblesses qui la sauvent face aux envahisseurs et l’espace russe finit toujours par dissoudre les conquérants comme un corps étranger. On croirait lire Dostoïevski…

 

L’Eurasie de Vladimir Poutine

Les intellectuels de l’entre-deux-guerres opposaient l’Eurasie à l’Europe « romano-germanique ». Leurs successeurs comme Alexandre Douguine prennent comme cible l’Occident, c’est-à-dire l’alliance entre États-Unis et Europe occidentale. L’Eurasie campe au cœur du continent, dans le heartland des géopoliticiens, face à la thalassocratie américaine, à sa logique marchande et à ses valeurs libérales.

Le pouvoir russe actuel se réfère volontiers à ces idées. En novembre 2011, Russie, Biélorussie et Kazakhstan ont décidé de mettre en place une Union eurasienne d’ici 2015. Aux yeux des Américains, il s’agit d’une véritable résurgence de l’ancien empire soviétique, même si les valeurs et les systèmes sont totalement différents. Par la bouche d’Hillary Clinton en décembre 2012, ils affirment vouloir « ralentir ou empêcher » le processus en cours. Comme quoi la guerre froide n’est pas tout à fait terminée. Les événements d’Ukraine de 2013-2014 démontrent qu’elle se continue de façon plus ou moins feutrée : une guerre froide rampante en quelque sorte dont le but est de déterminer où se situe la frontière entre Eurasie et Union européenne – du point de vue américain cela signifie établir un « cordon sanitaire » enfermant la Russie à l’intérieur des terres. La politique de Washington présente d’ailleurs une remarquable continuité depuis 1991 : détacher de la Russie tous les pays qui partageaient son destin au sein de l’URSS, les faire entrer dans l’OTAN si possible, développer les liens avec eux. La Russie reste un ennemi potentiel autant que l’URSS autrefois, il faut l’affaiblir de toutes les façons possibles. Pourquoi ? Parce qu’elle s’appelle aussi Eurasie et que l’unité de l’Eurasie est inacceptable pour la puissance maritime. Voilà le schéma dont les dirigeants russes sont persuadés, et la crise ukrainienne ne peut que les conforter dans leurs craintes.

Il existe donc une vision russe de l’Eurasie partagée par les intellectuels et les politiques. Elle alimente l’idée « d’exception russe », comme la « frontière » constitue le soubassement de l’ « exception américaine », la foi orthodoxe faisant pendant au puritanisme des premiers colons d’outre-Atlantique. Cette vision des choses domine aujourd’hui à Moscou.

 

Rêve d’Empire

Faut-il conclure que l’Eurasie est une chimère ? Des frontières imprécises, des conceptions différentes, pour ne pas dire radicalement opposées, des définitions floues qui permettent de dissimuler les arrière-pensées et les intérêts de chacun… Et pour tout compliquer, les prétentions d’autres nations qui se proclament elles aussi « eurasiatiques » comme la Turquie, à cheval sur l’Asie et l’Europe, et la Hongrie où vient mourir la grande steppe sous le nom de puszta.

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Elle n’est qu’un rêve sans doute, un rêve d’Empire. Le grand dessein eurasiste de Vladimir Poutine vise non pas à reconstituer l’URSS, mais à faire renaître, sous des formes renouvelées et avec une extension plus modeste, l’Empire russe. D’une certaine façon, les partisans d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural rêvent eux aussi d’un Empire, une union de tous les peuples de culture européenne dans une structure souple. Le problème est qu’il ne s’agit pas du même rêve : les deux espaces ne coïncident pas ; le rêve russe s’inscrit dans le temps long, celui de toute l’histoire russe, le rêve européen reste suspendu dans le vide et l’indistinct, sans référence précise, sans exemple à imiter. L’un est une restauration, l’autre reste à inventer. Le premier prend forme avec l’Union douanière, le second reste dans les limbes. Dès lors peut-on réconcilier ces deux rêves et les faire converger ? Autant se demander si l’on peut avoir deux rêves différents dans le même lit.

 

Un révélateur

Mythe, chimère même, l’Eurasie n’en constitue pas moins un révélateur et c’est pour nous sa principale utilité.

Son retour en force s’explique par le glissement des rapports de forces mondiaux. La puissance se déplace lentement de l’Atlantique vers le Pacifique ; l’Europe occidentale paraît le continent le plus déprimé de la planète, l’Asie orientale le plus dynamique. En relançant l’idée eurasiste, Moscou entend se recentrer vers l’Asie, exactement de la même façon que Washington aujourd’hui. Dans ce but, la Russie doit développer sa partie asiatique qui représente les trois quarts de son territoire et dont les ressources sont gigantesques. Et pour cela elle a besoin de capitaux. Qui peut les lui fournir ? L’Union européenne a tort de négliger ces réalités triviales. À la Russie elle donne des leçons, mais c’est autre chose qu’attend Vladimir Poutine.

C’est ainsi que l’Europe déçoit depuis vingt ans. À tort ou à raison, les Russes estiment que Bruxelles s’est alignée sur les États-Unis. Ce sentiment conforte le « grand basculement » russe qui se déroule sous nos yeux. C’est un basculement de la politique extérieure, c’est un basculement aussi du centre de gravité de l’identité russe. La question est toujours la même ; faut-il suivre la voie de Pierre (le Grand) ou d’Ivan (le Terrible), regarder à l’ouest ou à l’est, imiter les puissances modernes ou privilégier son identité orthodoxe, devenir une nation comme les autres ou rêver d’Empire ? Le retour de l’Eurasie, c’est le retour de « l’esprit de 1204 », le saccage de Constantinople par les Croisés latins que les Russes n’ont ni oublié ni pardonné.

Quant à l’Europe, elle se trouve confrontée à un dilemme comparable : Est ou Ouest. À l’ouest, des liens multiples, politiques, économiques, culturels, idéologiques, que le terme « atlantisme » résume. À l’est, une réalité géographique fondamentale, celle de continuité territoriale. La grande plaine d’Europe du Nord se déploie sans rupture sensible de la Flandre à la Moscovie, les climats et les milieux passent progressivement de l’océanique au continental. L’absence de coupure nette explique le déversement des groupes humains par vagues successives vers l’ouest tandis que les religions et les cultures se répandaient à travers tout le continent européen et au-delà. De la continuité territoriale naît l’unité de civilisation et de peuplement qui s’impose au-delà d’évidentes diversités. C’est ainsi que la géographie contribue à faire l’histoire ; et la géopolitique car, selon la « loi d’airain » de la distance, nous sommes, par la force des choses, plus solidaires de nos voisins que du reste du monde : un malheur qui les touche risque de nous affecter plus qu’un événement de même intensité mais lointain, et ceci même dans notre époque mondialisée et interconnectée. Voilà le vrai sens de la « maison commune » des années 1980.

La continuité géographique nous fait mieux appréhender la rupture que constitue, en contrepoint, l’Atlantique. Les deux rives de l’océan s’ignoraient jusqu’à une période relativement récente, cinq siècles environ, alors que la christianisation de la Russie date de plus d’un millénaire. Les colons et les immigrants qui franchissaient l’océan quittaient l’Europe, parfois en la maudissant, parfois en regrettant de ne pouvoir y vivre décemment, mais toujours en rompant avec elle. Ils ont d’ailleurs refusé toute relation politique avec l’Ancien Monde pendant un siècle et demi – c’est la signification de l’isolationnisme. Bien sûr il existe de nombreux points communs entre Nord Américains et Européens, sinon l’idée d’atlantisme ne correspondrait à rien et n’aurait pas eu le succès que l’on connaît. Mais il ne faut pas négliger les faits de nature que l’on a d’autant plus tendance à oublier qu’ils sont plus évidents, telle la lettre volée d’Edgar Poe. Et voilà l’évidence : l’océan Atlantique sépare autant voire plus qu’il unit.

 

Née d’une philosophie du territoire et du sol, l’idée d’Eurasie nous rappelle ces réalités. Elle s’appuie sur le fait géographique le plus simple et le plus contraignant, la proximité. Par ailleurs, elle invite à penser les grands espaces et s’identifie pour les Russes à l’Empire – l’océan joue le même rôle pour les États-Unis. Elle associe le prochain et le lointain des vastes espaces, l’identité et l’ouverture, et c’est en ce sens qu’elle est chimère, ses sabots de chèvre solidement accrochés au roc, sa gueule de lion tendue en avant.

La chimère serait-elle l’emblème de toute géopolitique future ?

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Pascal Gauchon

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