Brexit : les îles sont de retour

20 novembre 2019

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Les Anglais sauront-ils tirer profit du Brexit ? (c) Pixabay

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Brexit : les îles sont de retour

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La Grande-Bretagne pourrait tirer profit du Brexit en renouant avec son identité insulaire et en développant des accords de libre-échange. Analyse de Thomas Flichy de la Neuville.

La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne illustre un scénario un peu oublié, celui d’Islands imaginé en 2017 par le National Intelligence Council. L’organisme de prospective prévoyait il y a deux ans une phase de ralentissement économique entraînant une résistance à la mondialisation. Selon les prospectivistes américains, la haute technologie se diffuse, l’instabilité politique se développe, l’insécurité croît, le protectionnisme réapparait, les classes moyennes se sont appauvries, et l’intelligence artificielle a bouleversé le marché du travail. Mais surtout, la numérisation du monde a favorisé l’émergence d’îles culturelles imperméables les unes aux autres. Dans ce scénario, les îles naturelles disposent d’un avantage. Elles peuvent plus facilement brasser des identités disparates. Elles disposent d’un privilège, celui de la résilience.

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D’un point de vue historique, la Grande-Bretagne a connu deux grandes périodes d’intégration au continent européen. La première, qui s’étend de 51 à 410 relie les îles britanniques à l’Empire romain. La seconde, qui se déroule par intermittence entre le XIe et le XVe siècle, rassemble l’Angleterre et la France. Les Brexit précédents eurent d’indubitables conséquences économiques : la période post-romaine fut marquée par les invasions et l’effondrement démographique des îles britanniques. Quant à l’expulsion de l’Angleterre du continent européen en 1453, elle eut pour conséquence la suspension des liens économique entre l’Angleterre et la Flandre, la migration d’entrepreneurs flamands vers l’Angleterre et l’essor des activités bancaires en Hollande.

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Si l’on examine maintenant les îles physiques ou culturelles qui n’appartiennent pas à l’Union européenne, force est de constater qu’elles se portent plutôt bien. L’Islande avait demandé son adhésion à l’UE en 2009, mais a retiré cette demande en 2013. L’économie de l’Islande est aujourd’hui l’une des plus prospères du monde, et ce malgré le fait que le pays ait été touché frontalement par la crise des subprimes. La politique islandaise relativement ouverte en commerce extérieur a été renforcée par son admission dans l’espace économique européen en 1993 et par les accords du GATT. La Suisse fait également figure d’île très prospère à l’écart de l’Union européenne, bien qu’elle soit liée à cette structure économique par une vingtaine d’accords bilatéraux. Quant aux îles politiques de Jersey, d’Andorre, de Monaco, de Saint-Marin, ou du Liechtenstein, ces dernières font figure de paradis fiscaux. La situation est naturellement différente dans les sud des Balkans ou bien à Kaliningrad qui souffre d’importantes difficultés économiques.

Certaines régions françaises peuvent tirer leur épingle du jeu lors du Brexit. C’est le cas de la Bretagne, qui entretient des liens historiques et culturels anciens avec les territoires celtiques qui se sont opposés au Brexit (une partie du pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande). Si l’Irlande du Nord bénéficie d’un statut d’exception à l’issue du Brexit, elle deviendra la nouvelle Guyenne de l’Angleterre. La Grande-Bretagne étant la matrice originelle du libéralisme, son éloignement des structures bureaucratiques lourdes du continent doit être perçu comme une façon d’optimiser les dividendes de sa puissance économique tout en préservant son indépendance culturelle. D’une manière paradoxale en effet, l’utilisation de la haute technologie à des fins de mondialisation, a entrainé la renaissance des identités.

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À propos de l’auteur
Thomas Flichy

Thomas Flichy

Thomas Flichy de la Neuville, docteur en droit, agrégé d’histoire. Il est titulaire de la chaire de géopolitique de Rennes School of Business.
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