Jean-Paul II a joué un rôle essentiel dans la chute du communisme en restaurant la force spirituelle de l’Europe de l’Est et en donnant des raisons d’espérer la disparition du totalitarisme communiste.
À l’heure où le monde commémore les trente ans de la chute du Mur de Berlin, il convient de méditer la phrase de Mikhaïl Gorbatchev : « Tout ce qui s’est passé en Europe de l’Est n’aurait pas été possible sans la présence de ce pape. » Le communisme, ce spectre qui avait hanté l’Europe durant des décennies s’est écroulé et cela en partie grâce à un homme à la personnalité hors pair. Ordonné prêtre en 1946, Karol Wojtyla (1920-2005), cardinal-archevêque de Cracovie, devient pape le 16 octobre 1978. Bernard Lecomte, qui a écrit abondamment sur les papes et le Vatican, ainsi que sur le communisme et Gorbatchev, rend parfaitement compte de l’atmosphère qui a entouré ce choix stupéfiant, qui s’est avéré historique. Cet homme de l’Est, encore largement inconnu, l’ambassadeur de France à Varsovie ne l’avait jamais rencontré, tient d’emblée un discours inhabituel pour l’époque : il affirme que le communisme, condamné comme « intrinsèquement pervers » par le pape Pie XI en 1937, n’est qu’une « parenthèse de l’Histoire ». Il convient de ne pas se laisser entraîner par sa logique qui nie ce qu’il y a de plus cher dans l’âme humaine, la liberté de conscience, la foi et la transcendance. Pour peser avec autant de force et d’audace, en toute conscience, sur le cours de l’affrontement Est-Ouest, il fallait un homme qui fût à la fois un pasteur, un intellectuel et un militant, aussi fin connaisseur de la théorie marxiste que de la réalité communiste. L’histoire personnelle de Jean-Paul II, d’abord « fils de la nation polonaise », coïncide avec cette triple exigence. Le souverain pontife, canonisé en 2014, restera ainsi l’un des acteurs les plus déterminants de la chute du communisme.
La foi chrétienne « n’est pas une idéologie qui enfermerait la réalité sociale et politique dans le cadre d’un modèle rigide ». En revanche, elle exige de tout système politique et économique qu’il favorise entre les hommes un lien nommé « solidarité ». Allusion au mouvement, qui, en Pologne, a sapé les fondements du régime communiste. Mais la fin du communisme n’est pas le triomphe ou l’échec d’un système sur l’autre, explique Jean-Paul II. Les régimes marxistes ont sombré pour avoir négligé l’Homme. Tout autre doctrine politique qui ne mettrait pas l’Homme au cœur de son projet, serait, à son tour, condamné à l’échec.
Le pape qui a vaincu le communisme, de Bernard Lecomte aux éditions Tempus, 2019, 504 pages.