[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 3 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro au format numérique, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Fruit de cinq ans de recherches et d’une cinquantaine de pays visités, Smart est une enquête de Frédéric Martel sur les internets. L’auteur emploie le pluriel à dessein. Il entend démontrer que la mondialisation numérique n’est pas une uniformisation.
En réalité, chaque ville, chaque pays, possède un internet différent, et chaque communauté à ses pratiques d’internet. En dépit de son image uniforme globale, Internet est partout différent estime l’auteur après avoir enquêté en Europe, en Russie, en Amérique latine ou en Asie. Internet ne dissout pas les identités culturelles, il n’aplanit pas les différences linguistiques, il les consacre. « Le futur d’Internet n’est pas global, il est ancré dans un territoire », nous dit l’auteur. Témoin le Kenya, où des entrepreneurs locaux ont créé des entreprises de production de films de quelques minutes sur la vie des habitants.
Le grand enjeu d’Internet, c’est la bataille de la langue. Les Espagnols se sont battus pour maintenir le ñ. Dans les pays de l’Est, on crée du contenu en cyrillique. Preuve de la territorialisation d’Internet, dans les pays de l’ère d’influence russe on voit se dessiner un combat linguistique, qui est aussi politique, entre ceux qui adhèrent à un internet en cyrillique et les pays qui le refusent et le préfèrent en anglais. En Ukraine, la fracture sépare le pays entre l’Est et l’Ouest.
D’un autre côté, par Internet transitent la musique, les chaînes d’information, les séries télévisées, qui sont autant de combats culturels, qui sont tout à la fois identitaires et localisés. Ainsi Internet n’est pas un espace de frontières toujours repoussées, mais un lieu où les identités et les différences culturelles s’affirment. Même si nous avons la possibilité d’accéder aux contenus du monde entier, notre usage d’Internet reste très local et limité à notre domaine culturel ; il renvoie à une communauté, que celle-ci soit religieuse, ethnique, culturelle ou sexuelle. Ces communautés peuvent transcender les frontières nationales, souvent au contraire elles les renforcent et, de toute façon, elles confortent les identités de tous ordres.
C’est en collant à la réalité des territoires et des vies humaines qu’Internet a pu avoir un tel succès. Témoin Google Maps dont on se sert essentiellement pour trouver son chemin dans son propre pays…
J-B. N.
Frédéric Martel, Smart. Enquête sur les internets, Stock, 408 p. 21 €.
[Recension] #Internet au secours des identités : Smart. Enquête sur les internets, de @martelf http://t.co/mTW0IJJXyf pic.twitter.com/k1k837anAw
— Revue Conflits (@revueconflits) 12 Février 2015
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