La pression se resserre sur Rafah pour tenter de prendre une ville clef du Hamas. État des lieux des opérations en cours.
Article original paru sur ACLED. Traduction de Conflits.
Alors que l’accord sur les otages entre Israël et le Hamas est dans l’impasse, les forces militaires israéliennes (FDI) ont entamé une opération terrestre dans le gouvernorat de Rafah (voir carte ci-dessous). Parallèlement, le ministère de la santé de Gaza a prévenu que la reprise des combats perturbe les livraisons de carburant, ce qui menace gravement l’effondrement du système de santé.
Le 6 mai, les forces terrestres israéliennes ont avancé dans l’est de Rafah, soutenues par des tirs d’artillerie et des frappes aériennes visant les infrastructures du Hamas. Parmi les sites les plus touchés par ces frappes aériennes, citons l’aéroport international Yasser Arafat, fermé depuis longtemps, et les quartiers résidentiels de Shaukat As Sufi et As-Salam, au sud-est de Rafah. Les avions de guerre israéliens ont également lancé des attaques sur des entrepôts situés du côté palestinien du point de passage de Rafah, alors que des troupes se déplaçaient le long du corridor de Philadelphie. Le lendemain, l’armée israélienne s’est emparée du côté palestinien du point de passage de Rafah, situé à environ 3,5 kilomètres de la frontière israélienne, et a progressé vers le nord pour prendre le contrôle de la route de Salah ad-Din, à l’ouest de la zone d’al-Bayuk.
Le premier jour de l’opération, le Hamas a évité les confrontations directes avec les troupes des FDI afin de minimiser l’exposition à la puissance de feu supérieure d’Israël dans les zones ouvertes. Du 7 au 10 mai, le Hamas s’est engagé dans des affrontements armés quotidiens avec les unités militaires israéliennes positionnées près du point de passage de Rafah et de Shaukat As Sufi, au sud-est de Rafah. Un incident notable a été l’explosion d’un puits de tunnel piégé, qui a blessé trois soldats israéliens. Le 10 mai, les affrontements armés se sont étendus au nord-est de la ville de Rafah pour inclure Tabbet Zarei, à l’ouest de la route de Salah ad-Din. Depuis le début de l’opération, les FDI ont tué près de 50 Palestiniens armés, tandis que les forces aériennes ont attaqué des dizaines de sites et de bâtiments résidentiels du Hamas.
Le gouvernement israélien considère Rafah comme le dernier bastion clé du Hamas, qui compterait quatre bataillons actifs. Rafah sert également de point d’entrée critique pour les cargaisons d’armes introduites clandestinement dans la bande de Gaza depuis l’Égypte via le corridor de Philadelphie, une bande de 14 kilomètres le long de la frontière. En attendant, une opération terrestre limitée à Rafah pourrait avoir pour but de faire pression sur le Hamas pour qu’il accepte un accordsur les otages. Cependant, une incursion à grande échelle dans les zones peuplées de Rafah augmenterait la pression internationale sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu et aggraverait la crise humanitaire pour environ un million de Palestiniens déplacés, en particulier avec Israël contrôlant le point de passage de Rafah.