Le 26 décembre 1994, le GIGN lance l’assaut pour mettre un terme à la prise d’otage débutée à Alger. Une opération millimétrée qui a permis de sauver la vie des passagers de l’avion.
Déroulement
L’Algérie est plongée dans une guerre civile qui voit s’affronter le gouvernement et des mouvements islamistes. Le 24 décembre 1994, quatre islamistes issus du GIA prennent le contrôle de l’avion d’Air France stationné à l’aéroport d’Alger.
Un Airbus A300 composé de 220 passagers (dont 100 Algériens et 72 Français) et 12 membres d’équipage est immobilisé par les islamistes. La prise d’otage s’est faite grâce à la complicité d’un inspecteur de la police aux frontières, qui a permis aux islamistes de s’emparer d’un véhicule d’Air France afin de s’approcher de l’avion et d’y entrer.
À 11h05, ils entrent dans l’appareil en se présentant aux membres d’équipage comme des policiers, puis vérifient les passeports des passagers. Puis les quatre hommes révèlent leurs intentions et prennent le contrôle de l’avion. Ils demandent à l’avion de décoller vers Paris. Leur objectif est de transformer l’avion en bombe en s’écrasant contre la tour Eiffel ou la tour Montparnasse.
Négocier avec Alger
Édouard Balladur, alors Premier ministre, doit dans un premier temps négocier avec le gouvernement algérien qui, refusant de laisser partir l’avion, menace la vie des otages. Alger envisage de donner un assaut rapide, ce qui se traduirait par un carnage.
À 13h30, un premier otage est abattu. Au total, quatre otages seront tués à Alger, dont le cuisinier de l’ambassade de France.
Édouard Balladur permet que des femmes et des enfants soient libérés. Le 25 décembre à 13h, ce sont ainsi 65 passagers qui sont libérés. Mais Alger continue de laisser partir l’avion ainsi que de permettre l’intervention du GIGN français. Finalement, Edouard Balladur menace le gouvernement algérien de couper les aides de la France. Alger se couche et accepte de laisser partir l’avion.
Par manque de carburant, celui-ci se pose sur l’aéroport de Marignane. Les islamistes veulent faire le plein de carburant pour se rendre à Paris, mais le gouvernement français est bien décidé à ne pas laisser repartir l’avion.
Opération à Marseille
Le vol AF 8969 se pose à Marignane le 26 décembre à 3 h 12 du matin. Fatigués par la prise d’otage, les membres du commando maintiennent le silence radio et en profitent pour dormir.
Le GIGN propose au commando d’organiser une conférence de presse à l’avant de l’appareil. Le commando accepte, vide l’avant de l’avion de ses passagers, ceux-ci étant amenés vers l’arrière de l’appareil. L’organisation de la conférence doit permettre non seulement de gagner du temps pour préparer l’offensive et vérifier que les portes de l’avion ne sont pas piégées avec des explosifs, mais aussi d’accentuer la fatigue du commando.
À 17h12, le commandant du GIGN donne le signal de l’assaut.
Trois passerelles motorisées s’approchent de l’avion, deux vers les portes arrière avec 11 hommes de chaque côté, et une passerelle de 8 hommes à l’avant de l’appareil. Ils ouvrent avec difficulté la porte avant droite de l’appareil, car la passerelle est trop haute et bloque l’ouverture de la porte. Elle est reculée puis avancée à nouveau, une fois la porte ouverte, blessant un homme du GIGN. Les membres du commando terroriste, réfugiés dans le cockpit, tirent à travers la cloison.
Le premier gendarme à pénétrer dans l’avion est Éric Arlecchini, dit « Arlé » (blessé par balles au cours de l’assaut, il décédera accidentellement en service deux ans plus tard avec un autre gendarme) qui se met en appui face à l’arrière de l’appareil pour couvrir le reste du groupe. Il est suivi de Thierry Prungnaud qui s’approche du cockpit et parvient, sous l’effet de la surprise, à tuer deux terroristes et à en blesser un troisième, avant de recevoir un feu nourri.
L’échange de tirs se poursuit entre les hommes du GIGN et le dernier preneur d’otages, caché sous la tablette de navigation de l’appareil. Celui-ci lance une grenade qui atterrit à 80 cm de Thierry Prungnaud, toujours au sol, et qui a le réflexe de tourner le dos à l’objet pour se protéger de l’explosion, qui génère un trou de 20 cm dans le plancher de l’avion. Thierry Prungnaud reçoit des éclats dans le bas du dos et les jambes et perd connaissance pendant quelques secondes.
À 17 h 18, l’ensemble des passagers et du personnel navigant commercial est évacué par les portes arrière de l’appareil via les toboggans de secours. Malgré la violence de la fusillade, moins de trente personnes sont blessées. Avec les sirènes des ambulances comme fond sonore, le commandant Favier envoie un message radio laconique à la tour de contrôle : « Opération terminée, pertes limitées »14.
À 17 h 29, soit vingt minutes après le début de l’assaut, le dernier terroriste est abattu d’une balle dans le cœur. Plus de 1 000 munitions ont été tirées au cours de l’assaut10.